«Nous ne sommes pas des machines»
Le groupe d’intérêts des femmes d’Unia Valais s’est réuni en vue de préparer les prochaines mobilisations. En tête de liste, le 14 juin. Une participante témoigne des raisons de son engagement
Plusieurs échéances figurent à l’agenda des militantes du syndicat qui se sont réunies le 15 avril dernier à Monthey pour faire le point sur la situation. «Elles n’étaient pas nombreuses, mais très motivées», note Sandra Previti, secrétaire syndicale et responsable du groupe d’intérêts des femmes d’Unia Valais. «Nous avons abordé les prochains rendez-vous clés incontournables.» Il y a eu d’abord samedi dernier l’assemblée des délégués (voir ici). Et, à venir, le traditionnel 1er Mai, mais surtout le 14 juin, date de la Grève féministe.
Femme de chambre syndiquée depuis dix ans, Sandra entend bien participer à la mobilisation qui se déroulera, comme la fête des travailleuses et des travailleurs, à Sion. Et pour cause. Cette employée active dans un hôtel d’une station valaisanne estime qu’il y a encore beaucoup à faire en matière d’égalité, mais aussi plus largement pour améliorer les conditions de travail, en particulier sur le front des salaires. «Seuls les salaires minimums ont augmenté lors du renouvellement de la convention collective de travail de la branche. Nous n’avons même pas eu droit au renchérissement du coût de la vie. C’est inadmissible», s’indigne Sandra, qui dénonce en outre un traitement inégal entre le personnel.
Invisibles...
«Il y a des différences entre les collaborateurs. Certains sont mieux traités et payés que d’autres», déclare la native du Portugal, estimant par ailleurs qu’il n’y a pas assez de monde pour effectuer les tâches. «C’est stressant. Il y a beaucoup de chambres à nettoyer. Et parfois, elles sont libérées en retard.» Reste que Sandra préfère cette activité à celle exercée il y a quelques mois encore. Elle travaillait alors pour une grande entreprise de nettoyage. Et souligne la pression subie par le personnel, «disposant toujours de moins de temps pour assurer la propreté des lieux». «Du coup, le job était moins bien fait. Et ça retombait sur nous.» Autre problème soulevé: la rémunération des trajets. Si, lors de grands nettoyages de chantiers – à savoir d’appartements avant leur remise à de futurs résidents – les déplacements des travailleurs étaient payés, ce n’était pas le cas dans l’entretien quotidien de bureaux. Une situation jugée particulièrement inacceptable sachant que le tarif horaire s’élevait à moins d’une vingtaine de francs et que les trajets pouvaient prendre une heure chaque jour. «L’entreprise percevait de son côté entre 50 et 60 francs l’heure. Une différence énorme alors que nous étions les bras. Nous n’avions aucune reconnaissance pour notre travail. De manière générale, ce type d’activité est dévalorisé», ajoute Sandra, précisant au passage qu’aucun Suisse ne faisait partie de l’équipe. «On les trouve seulement aux postes de chefs. Nous, nous sommes les invisibles.» Autant de raisons qui poussent la syndiquée à lutter pour ses droits.
Société machiste
«La manifestation du 14 juin est utile. On ne se mobilise pas sans raison. Il y a des discriminations partout. Nous vivons dans une société qui, dans le domaine du travail, préfère les hommes. Une société machiste», ajoute Sandra, bien consciente de l’énorme tâche à accomplir pour faire bouger les lignes. «Tout commence à l’éducation des enfants. Nous devons transmettre des principes d’égalité», précise la militante et mère fière de la manière dont elle a élevé ses deux filles, aptes à se défendre. «Nous, les femmes, devons davantage prendre soin de nous, nous mobiliser. Hélas, dans le cadre professionnel, tout le monde a peur de perdre son job s’il s’engage ouvertement. On n’ose pas dire qu’on est par exemple membre d’un syndicat, car on sait que, lors de licenciements, ce sont les syndiqués qui seront d’abord mis à la porte.» Pas de quoi décourager Sandra qui insiste sur le fait qu’elle ne demande pas davantage que la reconnaissance de ses droits. «Je ne suis pas là pour embêter les patrons. Seulement leur rappeler que nous ne sommes pas des machines, que nous devons être traitées avec respect, rien de plus. C’est ce qui manque.»