Ouvertures dominicales à Genève: le référendum aboutit!
Près de 8000 signatures ont été déposées le 7 novembre contre l'ouverture des commerces trois dimanches par an sans compensation pour les employés. Le peuple devrait voter en mai
Le référendum «Pas d'ouverture le dimanche sans protection des salariés» aura eu un vif succès dans les rues de Genève. En 40 jours, les syndicats Unia, Sit et Syna ainsi que les partis de l'Alternative (Parti socialiste, Ensemble à Gauche et les Verts) ont récolté environ 7800 signatures, soit plus de 2500 de plus que le minimum requis, qu'ils ont déposées mercredi dernier auprès du bureau des votations. Pour rappel, ce référendum fait écho au «passage en force» de la droite parlementaire en septembre, qui a fait voter une loi permettant l'ouverture expérimentale des commerces trois dimanches par an en plus du 31 décembre mais ne comprenant aucune contrepartie pour les employés. Pourtant, les Genevois s'étaient prononcés dans les urnes le 23 novembre 2016 en faveur des ouvertures dominicales, mais à la condition qu'une convention collective de travail (CCT) étendue soit en vigueur dans le secteur. Ce qui n'a pas été fait en l'espace de deux ans.
Pour les référendaires, il s'agit d'une première victoire. «Notre référendum a un effet suspensif immédiat, se félicite Pablo Guscetti, secrétaire syndical d’Unia. Les magasins n'ouvriront pas le dimanche en 2018.»
Climat tendu
Le syndicaliste, qui s'est rendu sur le terrain à la rencontre des Genevois, se montre optimiste quant à la votation, qui aura probablement lieu en mai 2019. «La population a très bien accueilli notre référendum. D'ailleurs, nous avons rencontré beaucoup de gens qui étaient même opposés à l'ouverture de trois dimanches.» Les syndicats et la gauche déplorent par ailleurs l'attitude patronale durant la campagne. Le personnel de vente aurait subi beaucoup de pression et certains employeurs ont refusé que les syndicats approchent les employés.
«Nous sommes notamment très déçus par l'attitude de Migros Genève, qui nous a écrit pour nous informer que toutes les feuilles de signatures seraient retirées des salles de pause, regrette Pablo Guscetti. Nous avons pourtant un accord conventionnel avec Migros qui nous autorise à laisser le matériel syndical dans ces endroits pour ne pas déranger le personnel qui travaille en magasin.» Sans oublier que le droit de distribuer de l'information syndicale est garanti par la Constitution. Selon Migros Genève, il ne s'agit pas là «d'information» syndicale mais «d'action» syndicale. «Venant du plus grand employeur privé du commerce de détail en Suisse, c'est assez grave.»
De leur côté, les référendaires continuent à exiger le respect de la volonté populaire et donc la négociation d'une CCT digne de ce nom. Une rencontre entre les partenaires sociaux, médiatisée par Mauro Poggia, conseiller d'Etat, a eu lieu lorsque nous mettions sous presse, le 13 novembre.