Partenariat social à Cointrin: Mayday! Mayday! Mayday!
Les conflits à l’aéroport s’enchaînent, dernier exemple en date chez Securitas
«Le low cost est toujours trop cher», titrait il y a trois semaines Le Courrier en pointant les problèmes sociaux et environnementaux que génère l’aéroport de Genève-Cointrin. Selon le quotidien, entre 25 et 50% des conflits pour lesquels la Chambre des relations collectives du travail a été saisie depuis une décennie se sont en effet déroulés sur le site, pourtant en mains publiques et qui, bien que colossal, ne dénombre que 10% des salariés du canton de Genève. Dnata, Gate Gourmet, ISS, Securitas, SR Technics, Swissport… toutes ces entreprises présentes dans l’enceinte aéroportuaire ont connu ou connaissent encore des mouvements sociaux.
Ainsi à Securitas, le personnel, organisé par Unia et le SSP, s’élève contre la suppression d’une dizaine de postes à plein temps au mois de décembre. Depuis le 1erjuin dernier, l’entreprise de sécurité est chargée de l’accueil des passagers. La société ISS, qui a pourtant présenté une offre moins onéreuse, a perdu ce mandat à l’occasion du renouvellement du contrat de prestation.
Soupçons de copinage
Relevons au passage que cette attribution critiquée par les syndicats a été contestée en justice par l’entreprise perdante. La Cour de justice vient d’ailleurs de condamner l’aéroport pour adjudication illicite d’un marché public. Cointrin doit faire face à des soupçons tenaces de copinage, car son responsable de la sécurité est un ancien employé de Securitas, élu PLR d’une commune genevoise et que tout cela s’inscrit dans l’affaire Maudet. Securitas a décroché cette mission alors que Pierre Maudet tenait les manettes du conseil d’administration de l’aéroport. Et cette société a aussi obtenu le convoyage des détenus étrangement privatisé par le conseiller d’Etat.
Cela dit, les 150 employés d’ISS craignaient de perdre jusqu’à 750 francs par mois en passant sous la coupe de Securitas, ISS appliquant la Convention collective nationale de travail de l’hôtellerie-restauration, plus favorable que la CCT de la sécurité privée. Cela ne s’est heureusement pas produit. «Des travailleurs avec qui nous sommes en contact nous ont toutefois signalé une péjoration de leurs conditions de travail. Il y a notamment un souci avec la planification. Des personnes engagées à temps partiel se plaignent d’être trop souvent sollicitées pour des heures supplémentaires tandis que d’autres, au contraire, réclament de travailler plus», explique Pablo Guscetti, secrétaire syndical d’Unia Genève.
La planification, c’est là où le bât blesse. Pour justifier cette réduction d’effectifs, Securitas affirme avoir perdu 20000 heures de travail en 2019. Dans une résolution votée en décembre, le personnel a exigé d’obtenir toutes les informations nécessaires, l’ouverture de négociations et une rencontre avec les responsables de Cointrin. «La situation n’a pas évolué depuis, regrette Pablo Guscetti. Nous attendons toujours une rencontre avec Securitas en présence de la direction de l’aéroport.»