La parole aux travailleurs
Plusieurs travailleurs ont tenu à témoigner de leur histoire et ont insisté sur l’aspect salvateur d’une vraie réduction du temps de travail pour notre société. Pierre-Yves, employé du commerce de détail, explique que la dernière hausse de salaires dans son entreprise s’est accompagnée d’une baisse des effectifs et d’une intensification des tâches. «La charge de travail est intense et donc les congés maladie explosent, tout comme les coûts de la santé: personne n’est gagnant. Sans parler de la qualité du service qui chute. Il est consternant de voir qu’en 2024, les conditions de travail se détériorent et que les nouvelles technologies ne sont pas au service des employés.» Ces derniers demandent une réduction de leur semaine de travail de 41h à 39h, pour être plus épanouis et moins malades au travail.
Virginie, militante dans l’industrie horlogère où elle évolue dans les bureaux depuis 30 ans, a observé les changements. «Les progrès sont considérables: on arrive à produire plus avec moins de personnel, mais aucun cadeau n’est fait aux employés. Il faudrait pouvoir réduire les cadences et la pression afin de produire moins, mais mieux, et dans des conditions plus humaines. L’excellence et l’éthique doivent aussi s’appliquer aux employés, pas qu’à une image de marketing.»
Lana, jeune militante d’Unia, a elle raconté son burn-out alors qu’elle était apprentie coiffeuse. «J’étais dans un cercle infernal métro-boulot-dodo. J’étais épuisée. J’étais angoissée, j’ai perdu beaucoup de poids.» Elle finit par être licenciée et c’est la libération. «Il faut un meilleur équilibre entre vie pro et perso, le travail ne doit pas être un sacrifice de notre bien-être!»
Enfin, Grazia, présidente du groupe Femmes chez Unia, a invoqué les raisons féministes de baisser le temps de travail. «Le travail gratuit effectué à 3/4 par les femmes est indispensable au bon fonctionnement de notre société mais il cause de la pauvreté, pendant la vie active et à la retraite. Il n’y aura pas d’égalité si les salaires ne sont pas équitables et que le temps de travail n’est pas réparti de manière homogène.»