La cause climatique devant la justice
Les procès climatiques se multiplient, et se font écho. Sur le site Action Climat, la liste, pourtant non exhaustive, est déjà longue. Plaidoiries et décisions de justice y sont accessibles tant dans les procès «Mains rouges» à Genève et à Lausanne (acquittement à Genève, mais pas à Lausanne), que dans celui des douze «joueurs et joueuses de tennis» (troisième manche bientôt au Tribunal fédéral), ou encore concernant «la visite guidée des pires entreprises climaticides» (acquittement à Genève). Chronologiquement, le premier procès date du 5 novembre 2019. Celui d’un mineur, à la suite d’une action de désobéissance civile durant une manifestation pour le climat à Lausanne dans les locaux des Retraites populaires. Il a été condamné en première et en deuxième instance. Le procès de treize prévenus majeurs de la même action n’a pas encore été agendé. Tout comme celui de 200 activistes d’Extinction Rebellion (XR) après des blocages à Lausanne, qui s’annonce ubuesque. Eric Ducrey, co-vice-président de la construction d’Unia Fribourg, explique avoir reçu plusieurs ordonnances pénales lors d’actions menées avec XR, pour affichage sauvage et incitation à la rébellion, ou encore récemment à Fribourg pour infractions à la Loi Covid, alors que les groupes de manifestants étaient éloignés les uns des autres pendant l’action. Pour lui, «il y a clairement un acharnement contre les militants éco-sociaux».
Un acharnement qui prend une ampleur inédite à la suite de l’évacuation de la Zad du Mormont fin mars. La semaine dernière, trente avocats vaudois et genevois ont fait opposition aux ordonnances pénales immédiates reçues par les zadistes – soit 2 à 3 mois d’emprisonnement ferme, des amendes de 400 à 700 francs en plus des frais de procédure. Ils écrivent dans un communiqué être «choqués» tant par la lourdeur des condamnations que par les méthodes utilisées, inédites: «Les peines qui incluent toutes de la prison ferme ont été prononcées de manière expéditive à l’issue de brèves audiences menées à la chaîne.» Quarante-deux militants ont été condamnés dans les 48 heures après l’arrestation. La majorité n’a pas divulgué son nom, mais empreintes digitales, prélèvements d’ADN et photos ont été conservés par la police. «Les antécédents n’ont ainsi pas été pris en compte. Pour la défense, il y a vice de forme de la part du Ministère public», souligne l’une des avocates, Me Saskia von Fliedner. Les activistes déclarent, quant à eux, dans le communiqué: «Un casier judiciaire, c’est une entrave dans la vie quotidienne que nous refusons de porter alors que nous agissons dans l’intérêt commun, pour notre survie et celle du vivant.»