Début février, militants, syndicats et partis se sont lancés dans la campagne pour la 13e rente. Petit tour du côté de Neuchâtel et du canton de Vaud
La campagne pour la 13e rente AVS a démarré dans la rue avec des actions début février dans plusieurs régions de Suisse. Elle se poursuit ce week-end, notamment à Genève où la Journée militante d’Unia sera entièrement consacrée à la votation du 3 mars, avec des éléments d’information et une présence dans la ville. A Neuchâtel, le comité unitaire cantonal a ouvert les feux le 1er février, avec un stand et une action dans la capitale. Des militants ont créé une chaîne de solidarité, arborant sur leur dos de grandes lettres affichant le slogan «Oui à AVS x13!». Le comité, composé notamment de l’Union syndicale cantonale, de ses fédérations, des partis de gauche et des mouvements pour le climat et la Grève féministe, a mis l’accent sur la précarité croissante des personnes à l’AVS. «Si, au lancement de cette initiative, la situation financière et humaine des retraités s’avérait largement problématique, l’inflation galopante qui sévit depuis ces trois dernières années, ainsi que les hausses effrénées des assurances maladie ont rendu non seulement la 13e rente nécessaire mais aussi urgente», note le comité dans un communiqué, rappelant que la norme constitutionnelle est toujours bafouée. Cette dernière prévoit que les rentes des deux premiers piliers couvrent au moins 60% du dernier revenu. Après cette première action, ce sont les travailleuses et les travailleurs de l’industrie horlogère neuchâteloise qui interrompaient leur assemblée générale du 3 février, et sortaient dans la rue à La Chaux-de-Fonds pour exprimer, biscuits et banderole à l’appui, leur appel à voter pour la 13e rente AVS.
Credit Suisse dans le viseur
Dans le canton de Vaud, les banques étaient dans le viseur du comité unitaire cantonal pour la 13e rente et contre le relèvement de l’âge de la retraite. La campagne a démarré le 2 février sous les fenêtres de Credit Suisse à la rue du Lion d’Or à Lausanne. «S’il y a de l’argent pour UBS, il y en a pour l’AVS!» ont scandé la cinquantaine de personnes regroupées devant la porte de l’établissement. Ce lieu symbolique avait été choisi par le comité unitaire, composé d’une vingtaine d’organisations, parmi lesquelles l’Union syndicale vaudoise, Unia, tous les autres syndicats de la place, les partis de gauche et la Grève féministe. Les représentants des organisations ont dénoncé l’arrogance du gouvernement et de la droite. «En mars de l’année dernière, le Conseil fédéral a mis à la disposition de Credit Suisse et d’UBS 109 milliards de francs. Une semaine plus tard, la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, disait ne pas savoir ce qu’ils avaient utilisés... Et aujourd’hui, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour la 13e rente», s’est indigné David Gygax du Syndicat des services publics. «Il s’agit ici de lutte de classe. Keller-Sutter joue son rôle, à nous de jouer le nôtre», a-t-il poursuivi, avant de dénoncer une autre ministre, socialiste cette fois: «Notre camarade Elisabeth Baume-Schneider affirme qu’elle n’a pas besoin de 13e rente. Nous lui répondons: “Nous, nous avons besoin de tes cotisations, et des milliers de retraitées et de retraités ont besoin d’une rente supplémentaire!”» Le ton était donné. Les interventions se sont multipliées, avec une certitude, celle de pouvoir gagner.
«Envoyons un message clair aux profiteurs»
«La droite prétend que les retraités ne sont pas pauvres. C’est une profonde insulte à ces 13% de personnes à la retraite, dont une majorité de femmes, obligées de recourir aux prestations complémentaires, sans compter celles qui ne les demandent pas, car c’est un véritable parcours du combattant», a souligné une représentante de la Grève féministe. «Une retraitée sur cinq vit dans la pauvreté ou est menacée de l’être», a renchéri Laurie Willommet du Parti socialiste. Secrétaire régional d’Unia Vaud, Arnaud Bouverat a plaidé pour que le premier pilier garantisse enfin les besoins vitaux, et dénoncé le projet de révision du 2e pilier qui sera soumis au vote à l’automne seulement, ainsi que le 3e pilier des financiers. «Ils capitalisent ici, dans cette banque, qui a reçu d’énormes capitaux ne bénéficiant qu’à un petit nombre», a-t-il illustré, avant d’attaquer l’initiative sur les rentes, prévoyant d’allonger l’âge de la retraite: «C’est insensé de demander de travailler plus longtemps à des gens qui finissent déjà cassés à l’aube de leurs 60 ans.»
Après avoir fustigé les hausses de prix frappant les petits revenus et les milliards offerts aux banques, Djaouad Souyad du POP a lancé un vibrant appel à la mobilisation, pour que les salariés ayant travaillé toute leur vie puissent vivre dignement à la retraite. «Alors que tout augmente, nous devons obtenir cette 13e rente et refuser de travailler jusqu’à la tombe. Descendons tous dans la rue, partout, et on enverra un message clair à ces sales profiteurs.»