Stop aux conditions de travail toxiques!
A Genève, des travailleurs de la construction et du nettoyage ont exprimé leurs revendications face aux problématiques environnementales
A Genève, les syndicats Unia et Sit se sont fortement impliqués dans la Grève pour l’avenir. Dans la matinée, Unia a déployé une banderole devant l’Hôtel-de-Ville en revendiquant l’institution d’un fonds autorisant les arrêts de travail lors de conditions météorologiques extrêmes. «Depuis longtemps, les travailleurs et leur syndicat dénoncent le changement climatique et ses conséquences néfastes. Les conditions sont de plus en plus rudes, l’été dernier, plusieurs travailleurs ont fait des malaises en raison de la canicule», indique José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia Genève. «J’ai moi-même été victime d’un accident cardiaque alors que je ponçais par plus de 40 °C», appuie Tinoco, un travailleur du second œuvre présent à l’action syndicale. «Il nous faudrait la clim’, mais on ne l’a pas… C’est comme si c’était fait exprès pour qu’on n’arrive pas à la retraite», s’amuse son collègue Bastos. «Je travaille à Genève depuis 37 ans et je constate que, chaque année, c’est pire. Il nous faut un fonds Intempéries. Si cela a été fait dans le canton de Vaud, pourquoi pas à Genève?» questionne, pour sa part, Andion, un ouvrier du gros œuvre. «Nous réclamons ce fonds depuis des années, mais nous sommes confrontés à un patronat qui ne veut rien entendre, pour qui les délais et les profits passent avant la santé des travailleurs. Nous demandons donc au Conseil d’Etat de prendre l’initiative et de constituer un groupe de travail à cette fin», explique José Sebastiao. Unia invite par ailleurs le gouvernement à fixer une date butoir aux entreprises afin qu’elles remplacent leurs machines de chantier les plus polluantes. Le syndicat veut aussi interdire l’utilisation des matériaux synthétiques et des produits chimiques dont l’innocuité sur la santé des travailleurs n’est pas démontrée. «Les produits sont tellement forts… Lorsque j’ai peint une salle de bain, par exemple, mes yeux brûlaient et j’étais comme ivre», témoigne Tinoco.
La toxicité des produits a aussi été dénoncée par le secteur du nettoyage, organisé par Unia et le Sit. Sur la plaine de Plainpalais, où se rassemblaient en fin d’après-midi les manifestants, les nettoyeurs et les nettoyeuses étaient bien visibles avec leurs gros bidons de détergents. Prenant la parole, l’un d’eux a évoqué des «mains brûlées après avoir employé des produits de nettoyage». «Les produits sont très forts. Dans mon entreprise, nous ne disposons pas de masque et les gants fournis sont trop fins et pas assez résistants», souligne l’un de ses collègues. Dans les revendications du comité du nettoyage figurent l’exigence de produits sans danger pour les travailleurs et l’environnement, «du temps et du matériel pour recycler correctement les déchets» et une formation continue «adaptée à la transition écologique». Les nettoyeurs et les nettoyeuses demandent aussi l’organisation de transports collectifs par les entreprises ou la prise en charge de l’abonnement TPG. Ils veulent, pour finir, une diminution du temps de travail «sans réduction de salaire».
Grève illégale pour le Conseil d’Etat
Environ 2500 personnes ont pris part au défilé qui a traversé la ville en fin de journée. C’est deux fois moins qu’en 2019 lorsque les jeunes séchaient leurs cours le vendredi à l’exemple de Greta Thunberg. Entre autres raisons, le refus de la responsable du DIP, la socialiste Anne Emery-Torracinta, de libérer les élèves n’a sans doute pas favorisé la mobilisation. Et, alors qu’un préavis avec cahier de revendications avait été déposé par le Cartel intersyndical du secteur public et subventionné, celle qui est aussi présidente d’un Conseil d’Etat à majorité de gauche a déclaré la grève illégale, provoquant l’ire des syndicats. Ceux-ci ont jugé que «la lecture étriquée que le Conseil d’Etat fait de la Grève pour l’avenir et de son rôle d’employeur en matière de protection du climat montre que cette grève est pleinement justifiée».