Swisspearl Suisse SA s’apprête à biffer 80 emplois
La direction a annoncé fin mai la fermeture du site de production de Payerne. Unia, tenu à l’écart des discussions, dénonce des pressions antisyndicales
Le 31 mai dernier, Swisspearl Suisse SA, anciennement Eternit SA, a annoncé à ses collaborateurs la fermeture définitive du site de Payerne. L’entreprise, connue pour sa production de fibres-ciment, a prévu de délocaliser en Suisse alémanique et en Slovénie pour booster sa compétitivité. Elle laisse 80 collaborateurs sur le carreau. Des logisticiens, des techniciens de maintenance et des employés de production.
Pour les travailleurs, la surprise est entière. «Ils ne s’y attendaient pas du tout», rapporte Nicole Vassalli, secrétaire syndicale du secteur industrie pour Unia Vaud. «La direction a été assez directe et sèche. La fermeture a été présentée comme un fait, pas comme un projet. Il n’y a pas eu de discussions avec l’ensemble du personnel: la direction s’est limitée à des échanges avec la commission du personnel, majoritairement composée de travailleurs du site de Niederurnen (GL), et ceux-ci restent confidentiels jusqu’au résultat final.» La période de consultation s’est terminée le 23 juin et Swisspearl s’est engagée à communiquer le 13 juillet. «C’est stratégique, car le lendemain soir, tous les employés sont en vacances pour deux semaines, constate la syndicaliste. Ainsi, la direction est sûre d’étouffer la contestation.»
De son côté, Unia ne croit pas au sauvetage des emplois.
Liberté syndicale bafouée
Dans ce contexte, le syndicat déplore le non-respect des droits de consultation et de représentation des travailleurs de l’usine de Payerne ainsi que la non-transparence et le manque de communication de Swisspearl Suisse SA.
Plus grave, Unia dénonce les pressions antisyndicales et les intimidations proférées par la direction. «Depuis le début de la procédure, Swisspearl Suisse SA ne s’est pas cachée de sa position antisyndicale et de sa volonté de garder à l’écart le syndicat, explique Nicole Vassalli. Les travailleurs ont peur et il est donc très difficile de les mobiliser.» Unia avait organisé une assemblée générale en juin en dehors de l’entreprise, mais a été contraint de l’annuler. «Selon les échanges avec les travailleurs, la direction a menacé les employés de ne pas les faire bénéficier du plan social s’ils rejoignaient Unia… Nous condamnons l’attitude de la direction à l’encontre de la liberté syndicale.» Un courrier a été envoyé en date du 27 juin à la direction, contenant certaines revendications, resté pour le moment lettre morte.
Unia, qui n’a pas été mandaté par le personnel vu le contexte, attend de voir si les ouvriers bougent d’ici au 13 juillet. «C’est dommage que les travailleurs ne se rendent pas compte de l’efficacité de l’organisation collective et du rapport de force qui en découle», conclut la secrétaire syndicale.