Témoignage
Fernando*, maçon
«Le syndicat doit pouvoir avoir accès aux chantiers pour conseiller les travailleurs et s’assurer que les normes sont bien respectées. Sur notre chantier, l’accès a été interdit, et ce n’est pas normal! Nous n’avons plus personne pour nous défendre, c’est scandaleux. Pour moi, cette attitude est clairement un moyen d’exercer des représailles contre nous, travailleurs, et contre les syndicats, qui sont là pour nous soutenir dans ce contexte difficile. Il faut le dire et le répéter, sur un grand chantier comme celui du Quartet, où le travail en équipes est courant, il n’est clairement pas possible de tenir la distance avec ses collègues.»
*Prénom d’emprunt.
Reprise à plein régime
Par arrêté entrant en vigueur le 27 avril, le Conseil d’Etat genevois a aboli l’obligation d’annonce de réouverture des chantiers dans le canton. Par la même occasion, il a supprimé les pouvoirs de l’Inspection des chantiers, dotée de 14 contrôleurs, qui veillait jusqu’à présent au respect des mesures de l’OFSP par les entreprises, laissant le flou sur le dispositif de contrôle qui devrait assurer le relais. «Ce sont les inspecteurs de la Suva qui vont sans doute reprendre le flambeau, réagit Alessandro Pelizzari. Nous devrons donc compter sur deux personnes pour contrôler les 3000 chantiers du canton.» C’est pourquoi les syndicats du bâtiment ont lancé cette semaine une pétition sur les chantiers pour faire revenir le Conseil d’Etat sur sa décision.
Par ailleurs, les autorités du bout du lac ont annoncé la reprise progressive des chantiers publics depuis le 27 avril, sans donner plus de précisions quant aux mesures d’hygiène et d’inspections. «Une attitude pour le moins désinvolte concernant le canton qui a le nombre d’occurrences de la maladie le plus élevé de Suisse», s’indigne la Communauté genevoise d’action syndicale.