Face à une situation alarmante, l’assemblée des délégués de l’Union syndicale suisse a décidé d’engager la lutte pour l’indexation des salaires et la revalorisation des rentes
Menu copieux pour l’assemblée des délégués de l’Union syndicale suisse (USS). Réunis à Berne le 2 juin dernier, les représentants des différents syndicats affiliés à la faîtière ont abordé la situation préoccupante du pouvoir d’achat et des salaires pour les travailleuses et les travailleurs du pays, ainsi que la question européenne et la protection des apprentis et des stagiaires contre le harcèlement sexuel. De plus, un nouveau syndicat a été accepté au sein de l’USS. Il s’agit d’HelvetiCA (Swiss Controllers Association) qui regroupe les personnes œuvrant dans le contrôle de la circulation aérienne. Ce syndicat compte quelque 600 membres travaillant dans les régions de Genève et de Zurich. Avec cette adhésion, l’USS comprend 18 fédérations.
La discussion sur le pouvoir d’achat a porté sur la dégradation des revenus, des salaires et des rentes ces dernières années. En 2023, les salaires réels ont connu une baisse pour la troisième année consécutive. «Du jamais-vu depuis 75 ans», souligne l’USS dans un communiqué. Les retraités ont aussi toujours moins pour vivre, les rentes du 2e pilier n’étant pas adaptées au coût de la vie. Même chose pour les rentes AVS dont le Parlement a refusé une pleine et entière indexation. Les primes maladie ont de leur côté pris l’ascenseur avec une hausse de 6,6% cette année et une nouvelle en vue pour 2024. Côté loyers, une hausse est déjà annoncée pour octobre. La TVA sera également relevée l’an prochain.
Revendications
Face à cette situation alarmante, l’assemblée a décidé de lancer une offensive sur le pouvoir d’achat et adopté une résolution portant plusieurs revendications. Parmi elles, la hausse des salaires réels afin de rattraper le retard accumulé ces dernières années et l’instauration de rémunérations d’au moins 5000 francs pour les personnes ayant effectué un apprentissage et de 4500 francs pour celles sans formation. Ces minimums profiteront principalement aux femmes, majoritaires dans les professions à bas salaires. L’USS exige encore que la pleine et entière compensation du renchérissement soit aussi garantie pour les bourses d’études et toutes les prestations sociales. Une autre revendication porte sur la revalorisation des rentes AVS avec la création d’une 13e rente, et sur le combat pour que le référendum contre la baisse des pensions du 2e pilier soit un succès. Ces deux objets devraient passer en votation au printemps 2024. La résolution appelle également à une santé abordable pour tous, avec une limitation des primes maladie à 10% du revenu. Enfin, elle invite les pouvoirs publics et les bailleurs d’habitations d’utilité collective à créer rapidement des logements abordables.
Europe et protection des apprentis
Les délégués ont aussi été informés des entretiens menés entre l’USS, le Conseil fédéral, les employeurs et l’administration au sujet de l’avenir des relations entre la Suisse et l’Union européenne. Des discussions qui n’ont pas abouti à un résultat mais qui ont laissé entrevoir les menaces pesant sur les travailleurs. L’assemblée a dès lors adopté une résolution listant neuf éléments incontournables devant être intégrés au mandat de négociations du Conseil fédéral qui devrait être bouclé fin juin (voir ici).
Autre point à l’ordre du jour, la protection des jeunes contre la violence sexiste et sexuelle et le harcèlement sur les lieux d’apprentissage et de formation. Problématique sur laquelle l’assemblée s’est engagée en adoptant une résolution. Présenté par la Commission jeunesse de l’USS, le texte demande qu’il y ait davantage de contrôles, afin que les employeurs respectent leur devoir d’assistance, propose la mise en place de points de contact où les victimes peuvent s’adresser de manière anonyme, et enfin qu’une «culture de la tolérance zéro» soit instaurée, en particulier dans le domaine de la formation.
Les résolutions de l’assemblée des délégués sont disponibles sur: uss.ch