Temps de travail, pouvoir d’achat et retraites: des actes maintenant!
Les délégués au Congrès extraordinaires ont adopté trois résolutions importantes pour les campagnes à venir du syndicat
Une fois la réforme des statuts approuvée, le Congrès d’Unia a poursuivi ses travaux en débattant et en acceptant à une très large majorité trois résolutions. L’une porte sur la réduction du temps de travail, l’autre sur le pouvoir d’achat et la troisième sur les prochaines échéances de votations sur les retraites.
Il est temps de réduire la durée du travail
«Nous voulons plus de temps pour vivre, c’est notre projet d’avenir», indique la première résolution, qui exige «une réduction du temps de travail avec compensation intégrale des salaires et du personnel». Ce texte fait le constat qu’en Suisse, avec 41,7 heures de travail en moyenne par semaine, sans compter les 45 heures légales, ou même 50 heures dans certaines branches, la Suisse a le temps de travail le plus élevé d’Europe. Face à l’intensification du travail, aux attaques en cours en matière de flexibilisation et aux gains de productivité finissant dans les poches des patrons, les délégués ont exprimé leur ras-le-bol et la nécessité que les choses changent. Plusieurs militants et militantes ont pris la parole, évoquant leur propre situation. «Dans les soins, nous devons travailler 40 à 50 heures par semaine, sans être malade, puis les patrons nous jettent. Les femmes doivent encore consacrer 30 heures pour les tâches domestiques et familiales», a expliqué une militante du groupe d’intérêt femmes. La vendeuse Clotilde Pinto d’Unia Vaud a ajouté l’importance de moins travailler pour réussir à concilier vie de famille et vie professionnelle, s’épanouir davantage, avoir du temps pour les loisirs, se former, répartir les corvées ménagères, ainsi que contribuer à la transition écologique et sociale. «Dans le commerce de détail, nous devons avoir un jour de congé fixe pour toutes les personnes qui travaillent à 100% ou à 50%, et éviter les déplacements inutiles pour 2 ou 3 heures de travail, ce qui a un impact néfaste sur la planète», a-t-elle exigé, avant de parler de l’effet bénéfique d’une réduction du temps de travail sur les coûts de la santé et les maladies professionnelles.
Stop à la baisse du pouvoir d’achat
La deuxième résolution fait état de la situation qui s’aggrave en matière de pouvoir d’achat, avec une inflation prévue pour durer (2,8% en 2022, 2,2% en 2023 et en 2024), des loyers risquant d’augmenter de 10% d’ici à l’été prochain, des primes maladie ayant explosé cette année et dont une nouvelle hausse a été annoncée pour 2024, et des prix de l’énergie et des aliments qui prennent l’ascenseur. Sans mesures urgentes ni augmentation des salaires, les familles risquent de perdre 5000 francs et les retraités un mois de retraite d’ici à fin 2024, note la résolution, qui souligne également le fort impact de cette situation pour les personnes à bas revenus, majoritairement des femmes. «De nombreux employeurs pratiquent un vol salarial éhonté et ne sont pas prêts à partager équitablement les bénéfices des entreprises avec nous, les travailleuses et les travailleurs. Pourtant, une compensation du renchérissement et de la productivité est la moindre des choses à laquelle nous avons droit. Avec des salaires qui ne suffisent pas pour vivre et une pression constante, les employeurs s'attaquent à notre dignité», dénonce la résolution, appelant à poursuivre la pression syndicale dans les branches et dans la rue pour que cela change. «Il est insupportable que, dans le pays le plus riche du monde, on fasse travailler des gens avec des bas salaires ne permettant pas de vivre», a lancé une militante. D’autres ont exigé qu’aux revendications de hausse générale des salaires et de salaires minimums de 4500 francs pour toutes et tous et de 5000 pour les gens formés, soit ajoutée la nécessité d’une réforme en profondeur du financement de l’assurance maladie. La résolution demande ainsi la mise en place d’une caisse maladie unique et publique.
Le combat pour les retraites au cœur de 2024
«Augmenter les rentes, empêcher le démantèlement social!» Tels sont les objectifs de la troisième résolution. En 2024, trois projets concernant les retraites seront mis en votation: l’initiative syndicale pour une 13e rente AVS, la révision de la Loi sur la prévoyance vieillesse (LPP 21) et l’initiative sur les rentes des Jeunes libéraux-radicaux qui prévoit un relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans et plus. «Il s’agit maintenant de renforcer notre système solidaire qu’est l’AVS, d'empêcher de nouvelles détériorations des rentes et le démantèlement social de la prévoyance vieillesse», affirme la résolution, qui appelle à voter pour la 13e rente AVS et à rejeter la révision LPP 21 et l’initiative des Jeunes libéraux-radicaux.
Dans la salle, la colère et l’exigence d’une lutte déterminée sur ces questions ont été exprimées. «Nous devons nous élever contre la réduction du taux de conversion à 6% dans la LPP. Pendant la réforme AVS 21, on nous a promis de résoudre le problème des rentes des femmes dans le 2e pilier; or, ce n’est pas le cas! Il est essentiel de nous battre de toutes nos forces pour ne pas accepter de nouvelles détériorations», a lancé une militante du groupe d’intérêt femmes. «Nous devons concentrer tous nos efforts sur ces votations dangereuses», a renchéri la Vaudoise Clotilde Pinto. Quant à Mama Jacky Tuor, qui oeuvrait dans les soins, elle a appelé à partir en guerre pour défendre notre système solidaire créé il y a 75 ans. «Je suis retraitée, mais je travaille encore pour pouvoir m’en sortir, et ce même si j’ai cotisé de nombreuses années. Réveillons-nous et combattons tout ce qui va à l’encontre de notre repos et de nos rentes. Nous devons dire oui à un renforcement de notre AVS, non à la réforme du 2e pilier et non à la hausse de l’âge de la retraite. Trop c’est trop! Nous allons nous battre pour cela!»