Total, pilier de l’effondrement
Le collectif Breakfree a organisé une visite guidée au bout du lac visant à dénoncer les géants des énergies fossiles. En ligne de mire, la multinationale française Total
Le 18 novembre, quelques dizaines de personnes ont participé au «Toxic Total Tour» organisé par le collectif Breakfree. Un tour guidé à travers le canton de Genève, juste après le clap de fin de la COP26, pour dénoncer le business des énergies fossiles et ses ravages, notamment à travers la multinationale Total. La visite a fait plusieurs haltes, en particulier devant les banques Credit Suisse et UBS, qui ont depuis 2015 respectivement accordé pour plus de 1300 millions de dollars et 277 millions de dollars de prêts à Total. Le cortège s’est également arrêté devant les locaux de TotalEnergies Trading, de Blackrock, troisième actionnaire de Total, et du siège genevois de la Banque nationale suisse, que les militants soupçonnent d’être actionnaire de Total. «Il ne tient qu’à elle de nous détromper», a lancé Olivier de Marcellus, du collectif Breakfree Suisse.
Tout un «système de destruction», en somme, qui contribue à l’épuisement des ressources et au réchauffement climatique, dénonce le collectif qui milite pour le climat. «D’un côté, Total s’engage pour la neutralité carbone d’ici à 2050 et, de l’autre, la multinationale va augmenter sa production d’énergies fossiles de 30% d’ici à 2030, s’indigne l’un des “guides”, Thibault Schneeberger, de l’association Actif-trafic. Sans oublier que 90% de leurs investissements concernent les énergies fossiles...»
Scandales, ici et là-bas
Le tour a aussi mis en lumière les ravages de l’extraction et du commerce de ces énergies dans les pays du Sud. Au Mozambique d’abord, où Total exploite un immense gisement de gaz. «Cette exploitation a occasionné dans un premier temps des centaines de milliers de déplacés et de graves violations des droits humains par l’Armée mozambicaine», déplore Morgane Nusbaumer du collectif Breakfree Suisse. «Certaines communautés de pêcheurs du littoral se sont retrouvées réimplantées à 50 kilomètres dans les terres pour permettre à Total de construire son complexe de liquéfaction de gaz. Depuis, avec l’intervention de groupes djihadistes, la guerre civile est de retour au nord du pays.»
La balade militante s’est enfin terminée devant les missions d’Argentine et d’Ouganda, pour dénoncer la fracturation hydraulique, interdite en Suisse et pourtant pratiquée par Total en Argentine, et pour pointer du doigt un projet pétrolier qui aurait des impacts catastrophiques pour les populations locales et la biodiversité au cœur de la région ougandaise des Grands Lacs.