Un collectif pour une place au Château
La Grève du climat Vaud révolutionne la politique du canton. Sa candidate ou son candidat, pour l’élection complémentaire du Conseil d’Etat, sera tiré au sort
Presque une année après le début de la mobilisation des jeunes pour le climat, la Grève du climat Vaud a lancé la semaine dernière un pavé dans la politique institutionnelle. Le groupe se présente à l’élection complémentaire organisée le 9 février 2020 pour remplacer la PLR Jacqueline de Quattro, élue au Conseil national.
Après des mobilisations dans la rue qui ont surpris par leur ampleur, l’organisation d’assises aux niveaux régional, suisse et européen, sans oublier la rédaction d’un Plan climat vaudois, le collectif se lance dans la course au Conseil d’Etat en faisant preuve, une fois de plus, d’une créativité et d’un sens de la participation collective à toute épreuve. En marge de leur conférence de presse sur la place du Château, leur communiqué est on ne peut plus clair: «Pour continuer à traduire notre idée de l’écologie et de la démocratie, nous faisons donc une campagne collective, sans ériger une personne unique comme candidate à la compétition électorale. C’est pourquoi la personne qui figurera sur la liste sera tirée au sort parmi les membres du collectif. Nous défendons une gouvernance partagée des affaires publiques et pensons que c’est par l’intelligence collective que nous pourrons mettre en place les changements nécessaires pour atteindre les revendications que la Grève du climat s’est fixées.»
Enjeux écologiques et sociaux
Très critique vis-à-vis des réponses données à la crise climatique par le Gouvernement vaudois, le collectif fustige la lenteur et la pesanteur des processus administratifs: «Nous avons pu remarquer l’écart entre les objectifs de la Grève du climat, qui avait travaillé dans la formulation de lignes directrices et dans des centaines de mesures concrètes récoltées auprès de la population, et le manque de moyens économiques, humains et intellectuels mis à disposition pour résoudre la crise climatique.» Et de conclure à l’incapacité des structures gouvernementales à répondre aux enjeux environnementaux et sociaux.
«L’inaction politique actuelle nous mène droit vers une crise écologique, politique et sociale d’une ampleur inédite, avec un coût humain énorme. L’urgence est réelle et il est dangereux d’imaginer que seules de petites mesures écologiques incitatives ou adaptatives, qui en plus renforcent les inégalités sociales et divisent ainsi davantage la société, puissent répondre aux multiples enjeux actuels (…). Nous pensons que les dérèglements environnementaux ont des causes profondément politiques et sociales: toute réponse qui se veut à la hauteur des enjeux se doit donc de questionner radicalement notre système socioéconomique et politique.» Pour la Grève du climat Vaud, le modèle politique actuel est «carriériste et individualisé», position qui va à l’encontre d’une réelle démocratie, d’où la nécessité d’une «réappropriation du politique qui dépasse la politique institutionnelle». Le tirage au sort devrait avoir lieu peu avant le dépôt des listes le 23 décembre. En face, pour l’heure, seule la syndique de Payerne PLR, Christelle Luisier, postule à la candidature.