Un 1er Mai solidaire à Genève
Environ 2000 personnes se sont rassemblées à Genève pour célébrer un 1er Mai aux couleurs de l'égalité salariale et du salaire minimum contre la précarité. A leur habitude, les ramoneurs du canton ont ouvert le bal. Syndicats et partis de gauche ont suivi. Unia, en tête, a pu compter sur de nombreux militants, représentant notamment le gros œuvre, le second œuvre et le nettoyage. «Les patrons veulent une Convention nationale dite moderne qui prévoit la semaine de 50 heures et la baisse des salaires: nous n’en voulons pas!» a motivé Yves Mugny, responsable du secteur. Et ses troupes de scander: «Temporaires, ça suffit, limitons à 10%!»
Sans oublier de dénoncer la précarité des nettoyeuses, payées 19,60 francs de l’heure et pour qui il est «impossible de faire vivre une famille à Genève». A l’image des 30 000 travailleurs pauvres de Genève, qui doivent survivre au bout du lac avec moins de 4000 francs par mois.
Dans le reste du cortège, nous retiendrons les stagiaires de l'ONU du mouvement «Pay your interns», toujours plus nombreux chaque année, à dénoncer leur travail gratuit. «Le prestige ne paie pas mon loyer», peut-on lire sur une pancarte. Ou encore, «UNpaid UNfair» (impayés, injuste). Les militants anti-nucléaire ont également répondu à l'appel, tout comme les défenseurs de la cause palestinienne. Cette année, la communauté latino a occupé une place importante, pour exiger notamment la liberté de Lula au Brésil ou encore la paix en Colombie.
Enfin, les 300 jeunes du «bloc révolutionnaire» et du mouvement pour le droit à la ville ont défilé derrière le slogan «Genève, debout, réveille-toi!». Outre une critique générale de la société capitaliste et patriarcale, les jeunes en noir ont appelé à la solidarité avec les «trois de Briançon», les Genevois Bastien et Théo et l'Italienne Eleonora, arrêtés et placés en détention provisoire en France le 22 avril lors d'une action de soutien aux migrants à la frontière italienne à la suite d’un blocage de celle-ci orchestré par le mouvement d'extrême droite Génération identitaire. Craignant les débordements, la police genevoise, lourdement équipée, a surveillé la manif comme le lait sur le feu et empêché l’accès au consulat de France depuis le parc des Bastions. Au final, tout s'est passé dans le calme. Le comité de soutien aux «trois de Briançon» a demandé à la Suisse de faire pression sur la France pour que ses deux ressortissants soient libérés. En fin de semaine dernière, les trois ont pu sortir de prison en attente de leur jugement prévu le 31 mai.
Manon Todesco