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Une nouvelle vague violette se prépare

Grève féministe de 2019.
© Thierry Porchet/archives

Le 14 juin 2019, quelque 500000 personnes étaient descendues dans les rues de Suisse. Quatre ans plus tard, une nouvelle mobilisation féministe s’organise.

Le 28 janvier, les Assises romandes des collectifs de la Grève féministe ont réuni environ 180 personnes. Le point avec l’une d’elles, Aude Spang, responsable égalité d’Unia

Le 14 juin 2019 a été un point de bascule dans le mouvement féministe suisse. Quatre ans plus tard, les collectifs se mobilisent pour une journée de lutte pour l’égalité, contre les discriminations sexistes et patriarcales. La motivation est déjà au rendez-vous. Quelque 180 personnes se sont inscrites aux Assises romandes de la Grève féministe à Lausanne. Le communiqué des collectifs romands rappelle que, «si certaines avancées – surtout symboliques – ont pu être constatées depuis, la situation reste grave, et certaines choses ne manquent pas d’empirer: la réforme AVS 21 nous force à travailler encore plus pour gagner moins». Cette rencontre intercantonale a permis d’avancer sur une série de revendications. De plus, deux résolutions ont été adoptées: l’une en solidarité avec la révolution «Femme, Vie, Liberté» en Iran, l’autre en soutien à la militante et sociologue turque Pinar Selek, exilée en France, en raison de persécutions subies en Turquie. Avant des Assises nationales à Fribourg le 4 mars et la Journée internationale du 8 mars, retour sur une journée riche en liens et en réflexions avec Aude Spang, responsable égalité d’Unia.


Comment se sont passées les Assises romandes le 28 janvier?

La dynamique est belle et les motivations très grandes pour que ce 14 juin soit un grand moment de mobilisation. Par rapport à 2019, le travail d’organisation a commencé plus tôt, notamment grâce aux liens entre syndicats et collectifs. En juin 2022 déjà, le Congrès des femmes de l’Union syndicale suisse avait appelé à la grève. Le réseau est en place depuis, avec toujours cette même volonté que la Grève appartienne à tout le monde. Chaque personne, chaque groupe peut amener ses revendications. L’organisation doit se faire aussi avec ses collègues dans chaque lieu de travail.

Quelles sont les revendications principales cette année?

Notre Manifeste de 2019 qui comporte 19 points est toujours valable. Toutefois, cette année, nous aimerions mettre en lumière quelques revendications concrètes; préciser par exemple ce qu’on entend par améliorer le système de retraite. Aux Assises suisses-alémaniques à Zurich le 14 janvier, comme à Lausanne, la remise en question du système des trois piliers a été soulevée. Loin de la caricature de la féministe hystérique radicale que veut nous coller nos opposants, ces rencontres montrent que notre mouvement est social et également syndical, avec des questionnements qui touchent tout le monde, que ce soit sur le travail rémunéré et sur celui du care, les retraites, l’éducation et la formation, le climat et l’écoféminisme, les thèmes du corps, de la santé et de la sexualité, l’antiracisme et les migrations, ainsi que les violences bien sûr. Le 4 mars, lors des Assises nationales, nous lancerons notre appel à la grève sur la base des revendications décidées collectivement.

Dans le communiqué de la Grève féministe romande, il est mentionné que le mouvement a été confronté à une énorme répression, quelle est-elle?

Tout d'abord, on remarque que le droit de manifester n'est pas entièrement garanti dans la pratique. La simple tenue de manifestations n'est déjà pas évidente: les contraintes administratives sont nombreuses, les amendes sont promptes à tomber et, parfois, exorbitantes.

Dans le canton de Vaud, les militantes du collectif ont été poursuivies à plusieurs reprises pour des motifs divers et variés, punies avec de lourdes amendes, les propos exprimés en manifestation enjoints à être censurés en amont. L'an passé, un collectif d'extrême droite a cherché à s'approprier une mobilisation et a tenu des propos racistes, et c'est la Grève féministe qui a été poursuivie pour appel à la haine (l'affaire a ensuite été classée). De plus, des violences policières ont été constatées à travers les années, tant dans de grandes villes alémaniques qu'à Genève. Derrière une prétendue unité nationale pour l'égalité, on dérange et on nous le fait payer de façon détournée.

Les raisons de la Grève féministe

Pourquoi est-il important et juste de participer à la Grève féministe du 14 juin prochain? Voilà la question qui sera abordée dans le cadre d’un webinaire organisé la soirée du 22 février par Movendo. Sur mandat de la commission féministe de l’Union syndicale suisse, l’institut de formation des organisations de travailleuses et de travailleurs propose à toutes les personnes intéressées de suivre en ligne une discussion bilingue, avec traduction simultanée, qui réunira les intervenantes suivantes: Aude Spang d’Unia; Michela Bovolenta, du Syndicat des services publics; Patrizia Mordini, de Syndicom; et Lucie Waser, du Syndicat du personnel des transports. Le webinaire dressera aussi un bilan des revendications obtenues lors de la grève de 2019 et précisera la manière de se mobiliser pour cette prochaine édition. L’aspect juridique figurera également au menu de cette rencontre virtuelle. Et les participants pourront aussi poser des questions. SM

Webinaire le 22 février de 19h30 à 21h30, soirée bilingue gratuite, traduction simultanée

Inscriptions sur: movendo.ch