Une période difficile s’ouvre dans l’horlogerie
«Des licenciements collectifs importants sont en vue», prévient le secrétaire syndical Sylvain Schwab, alors que le fabricant de boîtiers Guillod Gunther ferme ses portes
Victime de la crise liée au Covid-19, un premier sous-traitant horloger fait la culbute. Et pas un des moindres, puisque Guillod Gunther, fondé en 1866, est un acteur historique de l’industrie horlogère. Faute de commandes, la direction de ce fabricant de boîtes de montres, qui comptait de grands noms de la haute horlogerie dans sa clientèle, s’est résolue à une cessation d’activité et au licenciement de ses 56 collaborateurs. «L’annonce de la fermeture de cette entreprise emblématique a été un choc pour les Montagnes neuchâteloises. Il s’agit quand même d’horlogerie de haut vol avec des employés très qualifiés travaillant pour Audemars Piguet, Blancpain ou Ulysse Nardin», explique Sylvain Schwab, secrétaire syndical d’Unia Neuchâtel en charge de l’horlogerie, qui a accompagné le personnel durant la procédure de consultation pour licenciement collectif. «Cela me touche aussi parce que j’avais mis sur pied la commission d’entreprise, tout un travail s’effondre.»
Sylvain Schwab souligne que le patron de Guillod Gunther, Philippe Caste, «n’a jamais mis de bâtons dans les roues d’Unia» et que la direction et le syndicat ont, durant la phase de consultation, «travaillé de concert». Le président de la société semble mettre un point d’honneur à tenter de recaser un maximum de monde. L’idée est de transférer des actifs de la société à des clients ou à des concurrents afin d’assurer la continuité des prestations et de sauvegarder les emplois et le savoir-faire. «Nous essayons d’activer nos réseaux. Sur les 56, ça serait bien d’arriver à en replacer au moins une vingtaine», indique le secrétaire syndical. La semaine dernière, l’entreprise Queloz, société du groupe Cendres+Métaux sise à Saignelégier, a fait savoir qu’elle reprenait une tranche d’activités de Guillod Gunther. «C’est plutôt une bonne nouvelle, une partie du personnel devrait être transférée.»
«C’est pire qu’en 2016»
«Lors d’un licenciement collectif, nous pouvons atténuer le choc en trouvant des alternatives, si on ne sauve qu’un seul emploi, c’est déjà important. On se bat également pour obtenir un plan social qui soit financièrement conséquent. Je sais que c’est essentiel, avant de travailler pour Unia, j’ai moi-même vécu deux licenciements dans l’horlogerie sans recevoir un franc de plus que la période de dédite.» L’expérience de Sylvain Schwab sera malheureusement utile dans les semaines qui viennent. Si les grandes marques, telles Audemars Piguet, Patek Philippe ou Rolex dans le canton de Neuchâtel, devraient s’en sortir, l’automne va être difficile pour les plus petites manufactures et les sous-traitants: «On va avoir de mauvais mois de septembre et d’octobre. Il y a des boîtes qui annoncent quatre ou cinq licenciements et des licenciements collectifs importants sont en vue, j’en connais déjà deux qui vont être conséquents. C’est pire qu’en 2016. Ça va être terrible.»