Trois mois après la dénonciation des conditions de travail déplorables chez DPD et ses sous-traitants, Unia manifestait à nouveau aux portes du centre logistique de Bussigny. Les revendications des comités de livreurs et de logisticiens du syndicat ont été exposées le long de la route d’accès. Unia exige de vraies négociations sur ces points
Unia maintient la pression sur DPD. Pour mémoire, le syndicat avait dénoncé publiquement en février les conditions de travail déplorables au sein de cette filiale de La Poste française devenue le numéro deux de la livraison dans notre pays: journées à rallonge, heures travaillées non payées, retenues abusives, surveillance constante, stress énorme… Basé sur les témoignages de 200 livreurs et logisticiens, un rapport explosif sur le «système DPD» avait été publié. Trois mois après, Unia ne lâche rien. Des syndicalistes étaient ainsi présents le 4 mai à l’entrée du centre logistique DPD de Bussigny (VD).
Rappelons que la multinationale dispose de onze dépôts en Suisse, mais pour la distribution des colis qui lui sont confiés, elle s’appuie sur quelque 80 sous-traitants, des sociétés à responsabilité limitée qui emploient les 800 chauffeurs-livreurs portant la livrée rouge et noire. Quant aux logisticiens des dépôts, ils sont, eux, recrutés par des agences de travail temporaire.
«Beaucoup de travailleurs de Bussigny ne reçoivent pas de fiches de salaire, ils n’ont pas la possibilité de contrôler de manière transparente que les heures supplémentaires et les cotisations sociales sont bien réglées. Faute de ce document, ils peuvent être bloqués dans certaines démarches, indique Aymen Belhadj, secrétaire syndical d’Unia Vaud. Nous avons aussi constaté que certains employeurs obligeaient de signer des tableaux d’enregistrement du temps de travail ne correspondant pas à la réalité. Enfin, nos membres se sont plaints qu’un sous-traitant employait des livreurs au noir en les payant en cash. Nous allons envoyer un courrier à DPD qui énumère les problèmes rencontrés à Bussigny, en demandant à l’entreprise de réagir dans un délai de dix jours.»
«Ils ne font plus ce qu’ils veulent»
Lors de cette action du 4 mai, les travailleurs ont été invités à s’exprimer sur des panneaux. Le mot «fatigue» a été inscrit à plusieurs reprises. La charge de travail excessive, les heures supplémentaires, la rémunération insuffisante et l’absence de 13e salaire ont été pointées.
Depuis la dénonciation d’Unia, rien n’a-t-il changé? «Certains aspects ont évolué, répond Aymen Belhadj. D’une manière générale, ils ne font plus ce qu’ils veulent, notamment en ce qui concerne les heures de travail. Mais on peut se demander si ce n’est pas en raison de la présence d’Unia. Ils savent en effet que les travailleurs sont en contact avec le syndicat et qu’ils peuvent être dénoncés. Pour nous, la seule garantie d’une amélioration des conditions dans l’entreprise passe par de vraies négociations autour des treize revendications que nous avons présentées à la direction.»
Avec Unia, les livreurs et les logisticiens ont créé six collectifs dans les dépôts avec des délégués élus dans un comité national, «Respect@DPD», qui a élaboré un cahier de revendications. L’enregistrement du temps de travail, la rémunération des heures supplémentaires, un nombre maximal de colis par tournée, un salaire minimum de 4250 francs, la suppression du système de surveillance Predict ou encore la responsabilité de DPD envers les sous-traitants figurent parmi les exigences du personnel. «Un accord écrit sur la base de ces négociations pourrait rassurer les travailleurs. Autrement, nous allons poursuivre notre travail avec les comités de militants», indique Aymen Belhadj.
Sur le plan de la charge de travail, enfin, le secrétaire syndical responsable de la branche de la logistique explique qu’elle reste à un haut niveau: «En général, les livreurs ont plus de cent colis à livrer chaque jour. Le travail est toujours très dur.»