Plus d’infos sur: amnesty.ch
Vacciner, oui, mais d’abord les riches…
La crise du coronavirus aura été sans précédent pour nos générations. Elle nous aura plongés dans un chaos inédit. Des millions de décès, une économie à l’arrêt, un trafic aérien au point mort et des milliards de personnes confinées chez elles. Du jamais-vu. Et l’envie de ne plus jamais revivre ça. Un an et demi après le début de la pandémie, une sortie de crise semblerait se dessiner, en grande partie grâce aux différents vaccins présents sur le marché. En Suisse, comme chez nos voisins, les campagnes de vaccination insistent sur l’urgence de se vacciner, pour se protéger soi-même et les autres, atteindre l’immunité collective, et enfin en finir avec ce virus. Des campagnes qui ont réussi à convaincre 55% de la population des pays riches. Un vrai succès. Et les autres pays dans tout ça? Eh bien, dans les pays à faibles revenus, seulement 1% de la population est entièrement vaccinée. Pas parce qu’elle ne veut pas se faire vacciner, mais parce qu’elle n’a pas accès au Saint Graal.
D’après un rapport d’Amnesty International, les six laboratoires pharmaceutiques aux manettes du déploiement des vaccins contre le Covid-19, à savoir AstraZeneca, BioNTech, Johnson & Johnson, Moderna, Novavax et Pfizer, ont refusé de participer aux initiatives visant à accélérer l’approvisionnement mondial en vaccins. Autrement dit, ces six labos qui assurent détenir le remède à cette pandémie mondiale refusent de renoncer à leurs droits de propriété intellectuelle et bloquent tout transfert de technologie et de savoir-faire, provoquant des inégalités criantes selon les régions et une vaccination à double vitesse. Ces géants pharmaceutiques, qui devraient empocher 130 milliards de dollars d’ici à fin 2022, manquent ouvertement à leurs responsabilités en matière de respect des droits humains.
Pendant que certains pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine comptent leurs morts et voient leur système de santé suffoquer, Pfizer et consorts, qui auraient pu être portés en sauveurs dans ces régions, préfèrent compter leurs deniers – provenant de financements publics – et s’adonner à leurs petites manigances commerciales. Le profit avant la vie. Comment nous sortirons-nous de cette crise globale si tout le monde n’a pas accès aux vaccins de manière égale? Amnesty International, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, lance une pétition, «Cent jours pour rattraper le retard», qui exige que soit atteint l’objectif de 40% de la population vaccinée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur d’ici à la fin de l’année 2021. Pour ce faire, l’organisation demande aux Etats de redistribuer de toute urgence les doses actuellement inutilisées, et aux labos de veiller à ce qu’au moins 50% des doses produites aillent à ces pays afin d’atteindre les deux milliards de doses de vaccin avant la fin de l’année. L’issue de cette crise est entre leurs mains: choisiront-ils la vie ou le profit?