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Valais: Non à des journées à rallonge dans la vente

Une vaste alliance a lancé la campagne pour la votation du 3 mars sur les heures d’ouverture des commerces. De gauche à droite: Gwénolé Blanchet, député-suppléant les Verts; Jacqueline Lavanchy, POP Valais; Marcel Bayard, président du SCIV; Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais; Sarah Constantin, Parti socialiste valaisan; Francine Zufferey, présidente de l’Union syndicale valaisanne; et Maxime Collombin d’Entremont Autrement.
© Olivier Vogelsang

Une vaste alliance a lancé la campagne pour la votation du 3 mars sur les heures d’ouverture des commerces. De gauche à droite: Gwénolé Blanchet, député-suppléant les Verts; Jacqueline Lavanchy, POP Valais; Marcel Bayard, président du SCIV; Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais; Sarah Constantin, Parti socialiste valaisan; Francine Zufferey, présidente de l’Union syndicale valaisanne; et Maxime Collombin d’Entremont Autrement.

Le 3 mars, la population valaisanne votera sur un élargissement des horaires d’ouverture des magasins. Syndicats et partis de gauche s’y opposent. Arguments

«Nuisible et inutile.» Lors d’une conférence de presse tenue mi-janvier à Sion, le comité référendaire contre la révision de la Loi concernant l’ouverture des magasins (LOM) a dit tout le mal qu’il pensait de ce projet. Rappelons qu’en cas d’acceptation, les commerces pourront fermer leurs portes trente minutes plus tard en semaine, soit à 19h au lieu de 18h30. Le texte prévoit également la création potentielle de nouvelles zones touristiques. Avec pour conséquence la possibilité pour les enseignes situées dans ces espaces d’ouvrir sept jours sur sept, jours fériés compris, jusqu’à 21 heures. Pour la coalition, formée par les syndicats et les partis de gauche, la réforme sur laquelle se prononcera le 8 mars prochain la population valaisanne est inacceptable à plus d’un titre. Et en premier lieu, pour les salariés du domaine. «Elle conduit à une détérioration importante de leurs conditions de travail, rendant encore plus difficile la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Par ailleurs, les horaires coupés déjà nombreux dans la branche vont encore davantage se multiplier», a dénoncé Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais, précisant qu’à la demi-heure de travail supplémentaire prévue, s’additionnera encore le temps nécessaire à la fermeture effective des magasins pour les rendre opérationnels le lendemain. Une situation aussi problématique pour la garde d’enfants en bas âge dans une profession employant en grande majorité des femmes. «Les structures d’accueil ferment avant que les parents soient en mesure de venir chercher leurs enfants.» Quant aux nouvelles zones touristiques susceptibles d’être créées, comme dans les centres-villes de Sion et de Brigue, Blaise Carron les a qualifiées de «zones de quasi non-droit», estimant qu’elles représenteraient un «véritable cataclysme» pour les travailleurs concernés.

Budget non extensible

Francine Zufferey, présidente de l’Union syndicale valaisanne, a mis l’accent sur les conditions déjà difficiles prévalant dans le secteur. Entre une charge de travail et des cadences qui augmentent, la nécessité pour les vendeurs d’élargir leurs connaissances, notamment dans le domaine de la numérisation, la répétition et la pénibilité de gestes. Sans oublier la question des rémunérations. «La branche du commerce de détail n’a pas de convention collective étendue et le contrat-type non contraignant débute avec des salaires minimums à 3497 francs brut pour les non-qualifiés et à 3808 francs pour les qualifiés, pour 43 à 44 heures par semaine.» La cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil, Sarah Constantin, a insisté sur le fait que, le personnel étant majoritairement féminin, les travailleuses seraient une nouvelle fois pénalisées alors qu’elles ont déjà vu l’âge de leur retraite augmenter et leurs rentes LPP diminuer à la suite de la dernière réforme du Parlement fédéral. «Une énième détérioration de leurs conditions de travail est intolérable.»

Président du syndicat SCIV, Marcel Bayard a encore fustigé une «distorsion de concurrence», entre petits et grands commerces qui ont, eux, les moyens de rester ouverts une demi-heure de plus. Tout en notant que le budget du consommateur n’est pas extensible. La coalition a par ailleurs précisé que l’Union commerciale valaisanne, l’association faîtière des petits commerces, s’oppose également à la réforme proposée.

Un pas de plus vers une société consumériste

Les arguments de l’alliance ont aussi porté sur la thématique de la durabilité. «La révision de la LOM constitue un pas de plus vers une société consumériste. Elle encourage la surconsommation de ressources, notamment énergétiques, et de biens. La production de déchets et le gaspillage augmenteront également», a affirmé en substance Gwénolé Blanchet, député-suppléant les Verts au Grand Conseil valaisan. Jacqueline Lavanchy, représentante du POP, a fustigé le système du néolibéralisme «jamais satisfait des rentrées pécunières». «Il faut toujours produire plus, dépenser plus, brader les ressources et brûler le plus possible d’énergie fossile, toujours plus de temps de travail, de mobilisation passive – être atteignable partout avec les portables.» Pour Maxime Collombin, d’Entremont Autrement, la révision de la LOM favorise la grande distribution aux dépens des producteurs régionaux. «Cette modification risque d’accentuer davantage les inégalités, d’accroître les revenus des grands groupes de l’agroalimentaire et d’aggraver les écarts sociétaux, en détériorant les conditions commerciales des magasins de proximité.»

Le Valais compte quelque 17000 personnes actives dans la vente, représentant 11000 postes à plein temps. Les citoyens valaisans, note encore Blaise Carron, ont toujours refusé, lors de votations nationales, l’élargissement des horaires des commerces.

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