Approuvée par les délégués syndicaux et patronaux, la nouvelle Convention nationale est entrée en vigueur le 1er janvier. Les salaires seront revus à la hausse et la retraite à 60 ans est sauvée
Après vingt rounds de négociations entre les partenaires sociaux, des mois de lutte acharnée, des milliers de maçons dans les rues de tout le pays et des arrêts de travail,ça y est, la nouvelle Convention nationale du secteur principal de la construction est entrée en vigueur le 1erjanvier, le système de retraite anticipée est garanti et les augmentations de salaire sont ficelées. Le paquet, négocié le 3 décembre dernier, devait encore être avalisé par les assemblées des délégués d'Unia, de Syna et de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) pour être concrétisé. C'est maintenant chose faite. Le 15 décembre, 210 délégués syndicaux au total ont approuvé la solution négociée. Le 19 décembre, c'était enfin au tour des représentants patronaux de donner leur feu vert.
Avancées considérables
En détail, l'accord comprend plusieurs volets. D'abord, une augmentation générale des salaires effectifs et des salaires minimaux de 80 francs par mois en 2019 et en 2020. Ensuite, il prévoit l'assainissement de la Fondation FAR et donc le maintien de la retraite anticipée à 60 ans pour les travailleurs qui le souhaitent. Concrètement, les mesures, engagées dès le 1eravril 2019, consistent en une augmentation des cotisations des travailleurs. Celles-ci passeront de 1,5% du salaire déterminant à 2% jusqu'au 31 décembre 2019, puis à 2,25% à partir du 1erjanvier 2020.
Par ailleurs, un nouveau modèle permettra à ceux qui désirent repousser leur départ à la retraite anticipée de 12 ou de 24 mois de relever leur rente FAR de respectivement 8 et 16%.
Enfin, la CN fraîchement renouvelée, d'une durée de quatre ans, comporte des améliorations de part et d'autre. Du côté syndical, on salue l’abandon de la possibilité de baisser le salaire d'un maçon expérimenté qui brigue un nouvel emploi. De même, la Convention impose à l’employeur un «devoir d’assistance et de diligence accru» envers ses travailleurs âgés: dorénavant, «lorsque l’employeur envisage de résilier le contrat de travail d’un collaborateur âgé de 55 ans ou plus, un entretien doit impérativement avoir lieu en temps opportun entre le supérieur et le travailleur concerné, dans le cadre duquel ce dernier sera informé et entendu; lors de cet entretien, le supérieur et le travailleur devront en outre rechercher ensemble des solutions propres à permettre le maintien des rapports».
Concernant la flexibilisation du temps de travail, Unia et Syna sauvent les meubles. Il est maintenant possible d'augmenter le solde d’heures supplémentaires à 25 heures par mois au maximum, contre 20 heures actuellement, «pour autant et aussi longtemps que le solde total (annuel, ndlr) ne dépasse pas 100 heures». Autre changement, les entreprises ont désormais la possibilité de payer ces heures extra à la fin du mois suivant.
La lutte paie
«Pour permettre ce résultat, publie Unia dans un communiqué, les deux parties ont dû revoir à la baisse leurs exigences maximales. Le résultat est toutefois réaliste et une solution au conflit est dans l’intérêt de l’ensemble de la branche.»
N'oublions pas également la mobilisation exemplaire des travailleurs du bâtiment, qui aura, sans aucun doute fait bouger les lignes. On se souvient de la manifestation nationale en juin qui a rassemblé 18000 maçons mais aussi des actions et des journées de protestation et de grève dans toute la Suisse l'automne dernier, rassemblant au total plus de 15000 maçons dans les rues.