Le taux d’intérêt minimal des avoirs du 2e pilier pour 2019 doit être fixé ces jours par le gouvernement. Unia s’oppose à la diminution proposée par la Commission LPP
Le Conseil fédéral doit se prononcer ces jours sur le taux d’intérêt minimal de rémunération des avoirs du 2e pilier pour 2019. Un taux qui permet d’augmenter en conséquence le capital accumulé par les salariés pour leur retraite. Comme chaque année, la Commission LPP, une commission fédérale extraparlementaire, a émis sa recommandation au gouvernement. C’était en septembre dernier. Elle lui proposait d’abaisser ce taux de 1% actuellement à 0,75%. Ce qui veut dire que pour un capital de 100000 francs, la revalorisation ne serait plus que de 750 francs au lieu de 1000 francs.
Cette possible nouvelle diminution du taux d’intérêt minimal (il a fondu depuis les débuts du 2e pilier, en 1985, de 4% à 1% aujourd’hui) a fait bondir le syndicat Unia qui a réagi, la semaine dernière, par voie de communiqué, en dénonçant la poursuite du vol des rentes.
L’inflation revient
Unia met en garde les autorités face à une diminution du taux qui engendrerait non seulement, à terme, une baisse des rentes des assurés mais également une perte de confiance dans le système du 2e pilier. Le syndicat indique que la commission avait été saisie de propositions des compagnies d’assurances d’abaisser le taux à 0,25%. De leur côté, les organisations syndicales ont préconisé une hausse à 1,25% dans le but de garantir aux salariés, par une compensation de l’inflation, le maintien de la valeur de leur capital.
Selon les estimations du Seco et du Centre de recherches conjoncturelles (KOF), les pronostics d’inflation s’élèvent en effet à au moins 1%, relève Unia. Un taux d’intérêt minimal à 0,75% se traduirait de fait par un amoindrissement de la valeur des avoirs LPP. Cela dans une situation où, explique le syndicat, «les caisses de pension continuent de baisser massivement leur taux de conversion». Conséquence: une double pénalisation des assurés avec la perte de la valeur des avoirs de prévoyance et une baisse des rentes au moment de la retraite.
Performance élevée des caisses de pension
Pour Unia, «une diminution du taux minimum dans le contexte actuel serait un désaveu pour le 2e pilier. Alors que les caisses de pension ont obtenu des performances médianes sur les cinq dernières années de l’ordre de 4,5% par an et de plus de 8% l’année dernière (source: indice Credit Suisse des caisses de pension suisses, 3e trimestre 2018), les assurés ne comprendraient pas que leur capital de retraite soit rémunéré à moins de 1%. La confiance dans le 2e pilier comme assurance sociale n’en serait qu’affaiblie.»
Le syndicat critique également une commission fédérale LPP «composée majoritairement de technocrates». Et appelle à ce que toute décision en matière de niveau des rentes ou de taux de conversion appartienne au peuple ou à ses représentants. Il interpelle le Conseil fédéral afin que ce dernier démontre «qu’il maintient sa confiance en notre système de prévoyance vieillesse et non aux seules formules mathématiques d’experts dont l’indépendance est sujette à caution».