Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«C'est du dumping salarial légitimé par l'Etat!»

Conférence de presse Fairlog
© DR

Les syndicats dénoncent le salaire minimum fixé par la PostCom à 18,27 francs pour les employés du marché postal. Ils exigent qu’il soit porté à 22 francs de l'heure

Les secteurs de la logistique et du transport routier sont en plein boom, mais ils sont aussi très fragiles. En octobre dernier, la Commission fédérale de la poste (PostCom), l'autorité indépendante rattachée à la Confédération qui s'occupe de réguler le marché postal, a décidé de fixer le salaire minimum à 18,27 francs de l'heure dans la branche. Pour l'Union syndicale suisse (USS) et Fairlog, l’alliance pour le transport routier des marchandises et la logistique qui regroupe le Sev, Syndicom et Unia, ce n'est rien d’autre que de la sous-enchère salariale légitimée par l’Etat. C'est pourquoi ils demandent à la PostCom de revoir sa copie et de remonter impérativement ce minimum «scandaleux» à 20 francs, à l'image du salaire minimum avalisé par le Tribunal fédéral dans le canton de Neuchâtel, voire à 22 francs selon le calcul de salaire usuel dans la branche (lire encadré ci-dessous). Pour rappel, la branche regroupe les prestataires de services postaux, express et colis, ainsi que la distribution matinale et les coursiers à vélo.

Dumping et concurrence

«Ce salaire de 18,27 francs est en totale contradiction avec la politique que l’Etat mène en matière de salaire minimum en se basant sur le principe selon lequel on doit pouvoir vivre de son salaire», a réagi Paul Rechsteiner lors d'une conférence de presse intersyndicale le 23 novembre, qui qualifie la décision de la PostCom de «véritable bombe en termes de politique salariale et sociale». Pour Giorgio Tuti, président du SEV, la décision de la PostCom risque d'être mal interprétée. «On pourrait croire qu'en Suisse, les autorités permettent maintenant le dumping salarial. Cela va amener une pression énorme sur toute la structure salariale et nous nous y opposons!» 

D'ailleurs, des répercussions pourraient indirectement se faire sentir dans le commerce de détail. «En effet, la sous-enchère salariale dans la logistique a des effets néfastes sur le commerce en ligne, où nous avons déjà dénoncé une grande pression sur les salaires avec des revenus de misère, soulève Vania Alleva, présidente d'Unia. Aujourd’hui déjà, la vente ressent la concurrence à travers des bas salaires auxquels se livrent Amazon et Zalando.» Pour la syndicaliste, la numérisation doit servir un but social, et non pas nuire aux salariés, comme c'est déjà le cas chez nos voisins allemands et français où la concurrence sauvage fait rage. «Dans ces deux pays, les géants de la logistique misent de plus en plus souvent sur des sous-traitants qui, eux, versent des salaires bien plus bas et offrent de moins bonnes conditions de travail.»

Pour toutes ces raisons, l'USS et Fairlog exigent de la PostCom et de son régulateur, Hans Hollenstein, qu'ils reviennent sur le montant du salaire minimum. 

22,30 francs: un salaire minimum digne de ce nom

En 2017, les experts Yves Flückiger et Roman Graf ont été mandatés par la PostCom pour examiner les conditions de travail du marché postal. Il ressort de leur rapport que les «chauffeurs/distributeurs» ont les salaires les plus bas, suivis par les «collaborateurs du tri» puis les «chauffeurs de camion». 

Quels sont les salaires usuels pratiqués dans la branche? Pour un «chauffeur/distributeur» de 20 ans non qualifié et sans année de service, le montant s’élève à 4057 francs par mois pour une semaine de 42 heures. Cela correspond à un salaire de 22,30 francs de l’heure. Dans les grands centres comme Zurich et Genève, le salaire minimum horaire est plus élevé. De même, l’expérience professionnelle, la formation et les années de service jouent également un rôle dans le calcul du salaire. Nous sommes donc bien loin des 18,27 francs préconisés par la PostCom...

Pour aller plus loin

Les patrons genevois du nettoyage refusent la transparence

Manifestants et secrétaire syndicale

Les syndicats Unia, Sit et Syna dénoncent l’attitude de la partie patronale de la commission paritaire du nettoyage qui bloque un processus visant à assainir les marchés publics

«Il nous rabaissait constamment»

Bâtiment de la société Dentsply

Quatre des cinq employés d’un restaurant collectif du Nord vaudois, géré par le groupe Eldora, ont été mis à la porte. Face à un mur, Unia a décidé de s’en remettre à la justice

Contre le bradage des conditions de travail des taxis

chauffeurs taxi lausannois, banderoles unia, manifestation

Le municipal en charge du Service cantonal des taxis a été sifflé le 18 mai par une centaine de chauffeurs de taxis lausannois

Un concert de klaxons contre Uber

Une septantaine de taxis gris sur la place de la Riponne à Lausanne

Les chauffeurs de taxi avec Unia ont manifesté leur colère à Lausanne à la suite de la décision du Service intercommunal des taxis de reconnaître Uber comme centrale d’appels