Soutiens au peuple vénézuélien
Les appels au dialogue et à la résistance contre les risques d’intervention américaine se développent
Après l’autoproclamation de l’opposant Juan Guaidó comme «président» du Venezuela, le 23 janvier, et face aux menaces d’intervention armée des Etats-Unis qui le soutiennent (voir aussi L’ES du 13 février), la résistance s’organise dans et hors du pays. Les appels au dialogue sont nombreux. Le 7 février, un processus de discussion pour trouver une issue pacifique à la crise a été entamé par l’Uruguay et le Mexique. Ce «Mécanisme de Montevideo», du nom de la capitale uruguayenne où s’est tenue la première réunion, regroupe des pays latino-américains ayant refusé de s’aligner derrière les injonctions de Donald Trump, comme la Bolivie, ainsi que des représentants de pays européens et de l’Union européenne. A l’ONU, jeudi passé, 50 pays membres ont constitué, avec le Venezuela, un groupe qui s’est donné pour objectif de défendre le droit international, la libre détermination des peuples, la souveraineté des Etats ou encore la recherche de solutions pacifiques lors de controverses.
Le pétrole, au cœur de la crise
Au Venezuela, des manifestations se déroulent contre la menace de guerre. Des syndicalistes se mobilisent également, comme ces dirigeants syndicaux, militants et avocats du collectif Trabajo Juventud. Dans une déclaration, ils dénoncent la «tentative putschiste contre notre patrie propulsée de manière directe par l’intervention de l’impérialisme américain et du “cartel de Lima”» et peignent Juan Guaidó en «usurpateur illégitime pour lequel personne n’a voté en tant que “président chargé des affaires”». Le collectif explique qu’il existe une volonté de disloquer l’Etat vénézuélien, par un conflit interne ou une intervention directe, dont la finalité est de remettre la main sur le pétrole, nationalisé par l’ancien président Hugo Chávez. «La situation actuelle est une lutte à mort, une véritable guerre qui oppose trusts et monopoles pour la conquête des marchés et le pillage des matières premières. Dans ce but, ils essaient d’en finir avec toute entrave, tout accord, traité international, réglementation qui menacent d’enfoncer, de disloquer l’Etat-nation. C’est là le véritable arrière-plan de la crise politique dans notre patrie.» S’ils soutiennent le président Maduro dans la lutte contre la guerre et la destruction de leur pays, les syndicalistes, parmi lesquels Raul Ordoñez, président de la Fédération des syndicats des entreprises hydrauliques du Venezuela et député à la Constituante, n’en revendiquent pas moins des mesures fortes pour faire face à la crise économique appauvrissant la population, notamment contre les industriels qui, écrivent-ils, «poursuivent leur plan conspirateur non plus en fermant leur commerce mais en augmentant les prix de manière terrifiante». Et d’accuser encore le chaos dans les services publics, la bureaucratie, la corruption et l’inefficacité qui «font le jeu de la détérioration encore plus grande des conditions de vie du peuple travailleur».
Appel international et manifestation à Genève
Le président de la Fédération vénézuélienne des syndicats des entreprises hydrauliques, Raul Ordoñez, s’est aussi adressé à l’Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT) pour qu’elle mène une campagne en faveur de la souveraineté du Venezuela. L’EIT a ainsi lancé un appel* à contresigner qui s’adresse à tous les travailleurs, jeunes, organisations ouvrières et démocratiques à l’échelle mondiale afin qu’ils s’engagent contre l’ingérence de l’impérialisme contre le Venezuela. «C’est au seul peuple vénézuélien de décider de son sort», souligne l’appel.
A Genève, une action de solidarité avec le Venezuela s’est déroulée le 2 février dernier. Ce samedi 23 février aura lieu une nouvelle manifestation «pour la paix et le respect de la souveraineté de l’Amérique latine»**, appelée entre autres par l’association Alba Suiza. K
*Pour obtenir l’appel de l’EIT: almadoanor [at] bluewin.ch (almadoanor[at]bluewin[dot]ch)
** Manifestation samedi 23 février à 15h, place des Nations, Genève.