Sondage attestant de la souffrance au travail
Alerté par les travailleurs de Nespresso à Orbe, Avenches et Romont sur le projet de nouveaux horaires, Unia a mené plusieurs actions pour que le personnel soit entendu. En mai 2018 déjà, il protestait avec les salariés devant le siège de Nespresso à Lausanne. Malgré cette mobilisation, les nouveaux horaires sont entrés en vigueur le 1er janvier 2019. En novembre passé, le syndicat a organisé un sondage. Quelque 240 travailleurs des trois sites ont répondu, soit entre 40% et 50% du personnel. Les 97% des employés ayant participé travaillent en équipe, 98% avec un contrat fixe. Le sondage confirme les plaintes des salariés: 74,1% trouvent les conditions de travail chez Nespresso très stressantes, 88% qu’elles se sont dégradées en 2019 et 60% disent chercher un nouvel emploi. Le passage en horaire 4x8 arrive en tête des causes de la dégradation, suivi de l’absentéisme et du départ des collègues. Les 94,5% des sondés se sentent très fatigués.
«Notre sondage dit clairement qu’il y a de la souffrance au travail», souligne Nicole Vassalli, secrétaire syndicale à Unia Vaud. Elle rappelle que, depuis des années, Nespresso refuse d’instaurer un partenariat avec le syndicat. «Le directeur des trois sites nous a bien reçus à la mi-janvier, mais n’a pas accepté que deux travailleurs, délégués syndicaux, participent à la séance. Ils ont dû rester à la cafétéria! Nous lui avons transmis trois revendications: la redéfinition d’une organisation du travail moins nocive pour la santé, avec l’ensemble des employés, les représentants du personnel et la délégation syndicale, soit la fin des 4x8; l’analyse en profondeur du malaise actuel en mandatant l’Institut de santé au travail (IST); et enfin l’amélioration de la participation et de la prise en considération des travailleurs avec le respect des libertés syndicales et la reconnaissance des délégués syndicaux.»
La direction n’ayant pas donné de réponse sur ces trois points au 31 janvier, délai posé par Unia, le syndicat a décidé de dénoncer la situation devant les médias. «Le directeur a proposé une séance en mai, sans dire un mot sur ces trois revendications. Le moment de dire Stop! est arrivé!» Nous avons une responsabilité en tant que syndicat, nous ne pouvons pas être complices de cette situation. Si, un jour, il y a un mort, on ne veut pas l’avoir sur la conscience», lance la secrétaire syndicale, espérant que Nespresso réagisse aux exigences des salariés et d’Unia, soutenues également par l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA). Si ce n’est pas le cas, d’autres actions seront envisagées.