Exposition jusqu’au 29 mars.
Vendredi de 18h à 20h.
Samedi et dimanche de 15 h à 18 h.
«La Cave» de Soyhières (dernière localité jurassienne en direction de Bâle), à proximité de Delémont.
Plus connu sous le nom de Pep, Jean-Pierre Castelli a exercé de multiples activités: décolleteur, marin au long cours, militant syndical et popiste, et enfin peintre et sculpteur. Celui qui expose actuellement à Soyhières (Jura) est une sorte d’homme universel
Le Pep a commencé son apprentissage de décolleteur à l’âge de 15 ans, tout en adhérant au syndicat. Du haut de ses 75 ans, il comptait l’an passé 60 années de syndicalisme (FOMH, FTMH et Unia). Le Pep a été membre puis président de la commission ouvrière de La Coutellerie, l’entreprise qui fabrique à Delémont les célèbres couteaux Wenger (aujourd’hui Victorinox). «Mais le syndicalisme, explique-t-il, c’était aussi une affaire de copains. J’ai apprécié mes vacances en Italie avec les jeunes de la FOMH.»
Pour 50 centimes de l’heure
La Coutellerie, c’était un peu une affaire de famille, puisque le père du Pep, sa mère, sa sœur et sa fille y ont aussi travaillé. «J’aimais bien cette usine, précise le Pep, mais un beau jour, j’ai décidé d’aller travailler chez Girod à Court, près de Moutier. On m’avait offert 50 centimes de plus par heure. Aujourd’hui, cela paraît dérisoire, mais à l’époque, cela comptait, d’autant plus que j’avais deux gamins.» Sa soif de justice le pousse à adhérer au Parti ouvrier et populaire (POP) jurassien, créé en 1967. Contrairement à d’autres camarades, le Pep n’a pas fait un détour par le Parti socialiste, parce que le père de son épouse Dédée avait appartenu à l’ancien Parti communiste suisse. Le Pep siégera durant quelques années au Conseil de ville – législatif – de Delémont.
Marine suisse et grandes expos
Malgré des activités essentiellement centrées sur le Jura, le Pep (ce surnom venant des difficultés de langage d’une jeune voisine qui ne pouvait pas dire Jean-Pierre) a, dans sa jeunesse, le goût du grand large. Après son apprentissage, il s’engagera durant une année dans la marine suisse, ce qui lui permettra de découvrir les Etats-Unis et l’Inde, mais surtout d’autres cultures. C’est de là peut-être que vient son goût pour les grands rendez-vous ou les musées artistiques européens, comme la Biennale de Venise, Lyon ou Bilbao. «Nous fréquentions déjà beaucoup d’expos lorsque nous étions jeunes», précise Dédée, passionnée de photographie (notamment de photo sur tissu) et adepte de la peinture sur porcelaine. Mais la pratique artistique «sérieuse» viendra plus tard.
Au service de personne
Outre quelques expositions collectives, le Pep a présenté individuellement ses toiles et ses sculptures en bois dans de multiples lieux: le Jura, Neuchâtel, Vaud, la Franche-Comté. Le couple possède d’ailleurs une très vaste maison à Thieffrans, en Haute-Saône. Parmi ses artistes préférés, le Pep cite Picasso, Soulages, Marcel Duchamp et Sam Moeschler pour le Jura, «c’est-à-dire des gens qui sont allés au-delà de ce qui se faisait jusque-là». Le Pep a-t-il réussi la même prouesse? Difficile à dire, d’autant plus que notre homme, qui insiste sur l’importance de la matière dans ses œuvres – un lien avec l’usine? –, ne «se prend pas la tête». Il explique, lorsqu’il donne sa vision de la création: «Un artiste n’est au service de personne, si ce n’est de sa propre recherche. Créer, c’est essayer de renoncer à tous les repères.»