Les chômeurs âgés en fin de droits bénéficieront d’une rente-pont
Les Chambres fédérales ont mis sous toit la semaine dernière la loi sur la prestation transitoire pour les chômeurs de plus de 60 ans
Bonne nouvelle: la Suisse aura bientôt une nouvelle assurance sociale. Les chômeurs en fin de droits âgés de plus de 60 ans bénéficieront en effet d’une rente-pont en attendant la retraite ou de retrouver un emploi. A partir de 58 ans, si l’on tient compte des deux ans de droit au chômage, on ne risquera plus de finir à l’aide sociale grâce à la Loi sur la prestation transitoire pour les chômeurs âgés que les Chambres fédérales ont mise sous toit la semaine dernière. Elle permettra à un chômeur célibataire de toucher jusqu’à 43762 francs par an au maximum, 65643 francs pour un couple. Des sommes qui correspondent à 2,25 fois les montants destinés à la couverture des besoins vitaux. C’est moins que ce que proposait le Conseil fédéral, respectivement 58000 et 87000 francs, mais des parlementaires de droite ont fait des chichis. En outre, des conditions assez strictes ont été posées. Pour accéder à la prestation transitoire, il faudra être domicilié en Suisse et avoir cotisé durant vingt années au minimum aux assurances sociales, dont au moins cinq ans après 50 ans, et gagner plus de 21330 francs par an. Les mères de famille pourront toutefois faire valoir une interruption de carrière pour tâches éducatives. Il ne faudra pas non plus disposer d’une fortune nette de plus de 50000 francs ou 100000 francs pour un couple. Et les avoirs du 3e pilier font partie de la fortune nette. En revanche, le bien immobilier servant d’habitation à son propriétaire ne sera pas pris en compte. La nouvelle rente devrait coûter 150 millions de francs par an et s’adresser à environ 3400 personnes. Ou plus. Le nombre des plus de 55 ans au chômage a augmenté de près de 50% en mars et avril, alors que le chiffre des personnes de 56 à 64 ans recourant à l’aide sociale a doublé en dix ans.
L’exemple vaudois
Avec des mesures en faveur de la formation, du perfectionnement et du placement, la prestation transitoire s’intègre dans un dispositif qui vise à soutenir les demandeurs d’emploi et que le Conseil fédéral entend opposer à l’initiative de l’UDC contre la libre circulation soumise au vote le 27 septembre. Le gouvernement a élaboré ce paquet de mesures en consultant les partenaires sociaux au moment de l’arrivée de Pierre-Yves Maillard à la tête de l’Union syndicale suisse (USS). Le Vaudois peut se targuer d’avoir mis en place cette assurance dans son canton il y a dix ans. L’ancien conseiller d’Etat, qui siège au Conseil national, a expliqué durant le débat parlementaire que cette rente n’encourageait nullement le licenciement comme cela a été prétendu sur les bancs de l’UDC. «En 2010, avant l'introduction de la rente-pont vaudoise, il y avait 988 chômeurs de plus de 60 ans, en 2019, huit ans après sa création, il n'y en a plus que 871, donc 100 chômeurs de moins, soit 10% de chômage des seniors en moins. Une expérience réelle, grandeur nature, montre donc qu'il n'y a aucun effet qui pousse les employeurs à licencier», a déclaré le socialiste.
Dans un communiqué, l’USS a salué le vote des Chambres fédérales comme un «progrès concret». «Le niveau de prestation n'est certainement pas luxueux, mais permet de vivre dans la dignité et de garder sa fortune accumulée durant une vie de travail», estime Pierre-Yves Maillard. L’USS demande maintenant au Conseil fédéral de faire rapidement entrer la loi en vigueur.