La justice financière suisse mise à l’enquête
Greenpeace dépose une plainte officielle auprès des Commissions de gestion du Parlement fédéral contre les autorités de surveillance de la place financière
Des billets placés sur la bouche, les oreilles et les yeux de trois singes pour symboliser l’absence de diligence des autorités de surveillance des marchés financiers et du gouvernement: Greenpeace a organisé le 15 juillet une action devant le Palais fédéral fustigeant le laxisme de ces acteurs. L’ONG a annoncé à cette occasion avoir porté plainte contre l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle (CHS PP), la Banque nationale suisse (BNS) ainsi que le Conseil fédéral et le Parlement.
Une transparence imposée
La plainte déposée par Greenpeace stipule que les organismes de régulation doivent, dans leur mandat, prendre en considération les questions climatiques, en tenant compte du cadre légal actuel. «Par leurs actions et leurs omissions, la BNS, la CHS PP et la FINMA contribuent de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre de la place financière suisse», a déclaré, dans un communiqué de presse, Cordelia Bähr, avocate représentante de Greenpeace Suisse, avant d’ajouter: «En tant qu’autorités publiques, elles sont tenues de respecter les droits fondamentaux du peuple suisse et d’assurer la transparence.»
Contacté par téléphone, Mathias Schlegel, porte-parole pour Greenpeace Suisse, a renchéri: «La FINMA pourrait imposer des règles contraignantes. La BNS, quant à elle, a le pouvoir sur ses propres investissements. Ces organismes pourraient donc être influents s’ils le voulaient. Mais rien ne se passe. C’est pourquoi, les commissions de gestion doivent les rappeler à l’ordre.»
Soutien de deux tiers de la population
Selon une enquête menée par l’institut GFS pour le compte de Greenpeace, deux tiers de la population suisse seraient favorables à ce que les acteurs financiers du pays investissent à l’avenir de manière neutre sur le plan climatique. Les 81% des personnes interrogées souhaiteraient également connaître l’influence sur le réchauffement climatique des investissements réalisés avec l’argent de leurs retraites.
Dans ce contexte, Greenpeace a lancé une action collective à travers laquelle la population peut réaffirmer sa demande au Conseil fédéral et au Parlement de prendre les mesures nécessaires pour que les acteurs financiers suisses rendent leurs activités compatibles avec la protection du climat.
L’organisation a rappelé que les investissements dans des activités nocives pour le climat sont à l’origine d’émissions de CO2 représentant 22 fois le total de la Suisse.