Le fonds de soutien aux travailleurs précaires attaqué par l’extrême droite
A Genève, l’UDC et le MCG ont lancé un référendum contre le fonds de soutien de 15 millions de francs voté récemment par les députés en faveur des travailleurs précaires
Au bout du lac, l’aide dite d’urgence en faveur des plus précaires n’en porte vraiment plus que le nom. Avalisé non sans peine par les députés fin juin, le fonds de 15 millions de francs visant à indemniser les travailleurs ayant perdu tout ou une partie de leur revenu durant la crise du Covid-19 se retrouve de nouveau mis sur pause. En cause, un référendum lancé à la mi-juillet par l’extrême droite genevoise, à savoir le MCG et l’UDC. Une question de principe, selon le député UDC André Pfeffer. «On ne peut pas donner des indemnités pour du travail non déclaré», justifie-t-il. Si le référendum aboutit à la mi-septembre, les potentiels bénéficiaires devront donc attendre plusieurs mois que le sujet soit soumis au vote populaire, avec l’éventualité qu’il soit adopté…
Pour rappel, l’aide en question, plafonnée à 8000 francs par personne pour deux mois, est destinée aux personnes passées entre les mailles du filet social, à l’image des intérimaires qui n’ont pas pu bénéficier des RHT, des travailleurs sur appel, des employés domestiques sans papiers, des intermittents du spectacle ou encore des travailleurs du sexe. N’étant pas conditionné au statut légal, ce soutien peut être versé à des personnes sans autorisation de séjour, et c’est là que le bât blesse pour les référendaires.
Syndicats outrés
Pour la Plateforme pour une sortie de crise sans exclusion, à l’origine de ce fonds, et composée de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), de Caritas et du CSP entre autres associations, ce référendum est une honte. «On ne pensait pas que le MCG et l’UDC oseraient tomber si bas, ce référendum est contraire à tout entendement», réagit Davide De Filippo, président de la CGAS.
«Nous sommes outrés par tant d’hypocrisie. Si ces gens n’ont pas de statut légal et sont si précarisés, c’est à cause de leur politique migratoire extrarestrictive. Cette extrême droite qui dit vouloir lutter contre le travail au noir est la même qui le fabrique de toutes pièces.» Le responsable syndical a bon espoir que le référendum n’aboutira pas: «Je pense qu’ils n’y arriveront pas, car la population sait faire preuve de solidarité quand il le faut.»