Fausse indépendance enfin reconnue. Depuis le 1er septembre, les livreurs genevois d’Uber Eats sont des salariés soumis à un contrat de travail. Après deux ans de luttes dans ce sens, Unia salue cette décision. Le syndicat exige désormais que les minima conventionnels de l’hôtellerie-restauration soient appliqués
Après s’être battu bec et ongles depuis 2018 pour que les livreurs d’Uber Eats à Genève soient reconnus comme des salariés, Unia peut enfin savourer sa victoire. Depuis le 1er septembre, ces derniers doivent être soumis à un contrat de travail s’ils souhaitent continuer à faire des livraisons de repas à domicile via l’application mobile. Une mesure qui fait suite à la condamnation de la multinationale américaine par la Chambre administrative cantonale en juin dernier, et qui concerne potentiellement plus de 500 livreurs au bout du lac. De prétendus indépendants, ils passent désormais à un statut d’employés de la société annexe Chaskis SA, avec un salaire minimum horaire garanti, des congés payés et une couverture sociale.
«C’est une décision historique, se réjouit Umberto Bandiera, responsable du dossier chez Unia. C’est la première fois au niveau international qu’Uber Eats cède et décide de traiter ses livreurs comme des salariés. C’est une très bonne nouvelle pour tous ces travailleurs qui ont enfin pu signer un vrai contrat de travail et qui jouiront à l’avenir d’une protection sociale.» Unia le répète: Uber Eats est bienvenu en Suisse, tant qu’il respecte les lois en vigueur. «La multinationale a préféré salarier ses travailleurs plutôt que de quitter le pays, c’est une décision sage et raisonnable.»
Mauvaise convention appliquée
Justement, quelles sont les conditions de ce contrat de travail? L’Evénément syndical a pu s’en procurer un exemplaire. Ce dernier se calque sur la Convention collective de travail (CCT) pour les coursiers à vélo et les services coursiers urbains, et prévoit notamment un contrat à durée indéterminée avec un salaire horaire brut de 20,65 francs et quatre semaines de vacances. C’est là que le bât blesse pour Unia, qui exige que les salariés d’Uber Eats soient soumis à la Convention collective nationale de l’hôtellerie-restauration (CCNT). «Cette convention, qui a été étendue et déclarée de force obligatoire par le SECO, s’applique aussi aux services de livraison de repas à domicile et garantit aux livreurs le droit à un salaire minimum, un 13e salaire, 5 semaines de vacances et beaucoup d’autres avantages sociaux», souligne Umberto Bandiera. Des efforts et des améliorations sont vivement attendus de la part d’Uber Eats et de Chaskis SA pour que les contrats proposés respectent la CCNT. «Nous appelons tous les travailleurs concernés à venir au syndicat vérifier leur contrat et les conditions de travail», ajoute le syndicaliste.
Et ailleurs?
Un autre combat reste à mener. Car si la situation bouge à Genève, ce n’est pas le cas des autres cantons. Certes, une procédure au Tribunal fédéral est en cours impliquant Uber Eats, mais même si le scénario genevois se confirmait au niveau suisse, à savoir que les livreurs doivent être considérés comme des salariés, des règlements cantonaux seront nécessaires. «Nous invitons tous les cantons accueillant les activités d’Uber Eats à aller dans le sens des autorités genevoises, appelle le responsable syndical. C’est une question de volonté politique!»