Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Non à une réforme sur le dos des femmes!

Montage d'un mur violet sur lequel on peut lire: "Pas touche aux rentes des femmes. 314187 signatures".
© Thierry Porchet

Alors que le Conseil des Etats acceptait le projet AVS 21, les syndicats organisaient une action symbolique illustrant l’appel «Pas touche aux rentes des femmes» signé par 314187 personnes et remis à la Chancellerie fédérale à l’intention des parlementaires.

Le 15 mars, les syndicats ont remis à la Chancellerie fédérale un appel signé par plus de 314000 personnes exigeant qu’on ne touche pas aux rentes des femmes. Ce même jour le Conseil des Etats acceptait le projet AVS 21, tout en rabotant les montants prévus en compensation de la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans

L’échec de «Prévoyance vieillesse 2020» devant le peuple en 2017 a plané sur les débats du Conseil des Etats lors de l’examen, le 15 mars dernier, du projet de «stabilisation de l’AVS (AVS 21)» du Conseil fédéral. Si la volonté de rechercher un compromis permettant d’être accepté a été exprimée, les chances de succès à l’issue de cette séance sont bien minces.

Comme première mesure, le Conseil des Etats a approuvé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, telle que proposée par le Conseil fédéral. Par 30 voix contre 12 et 2 abstentions, les sénateurs et sénatrices n’ont pas souhaité biffer cette hausse, comme l’avait proposé la socialiste tessinoise Marina Carobbio. «Les femmes touchent environ un tiers de moins de rente vieillesse que les hommes. La moitié des femmes qui ont pris leur retraite en 2018 doivent s'en sortir avec moins de 1754 francs d’AVS par mois, a-t-elle rappelé. Ce revenu est certes en principe complété par une rente du 2e pilier, mais près d'un tiers des femmes partant à la retraite aujourd'hui ne touchent aucune prestation d'une caisse de pension. Et lorsqu'elles bénéficient du 2e pilier, leur rente médiane ne correspond qu'à la moitié de celle des hommes.» L’élue a ajouté que dans les branches féminines, comme la vente ou la restauration, les pensions du 2e pilier sont plutôt de l’ordre de 500 à 800 francs par mois. Elle a également fustigé les compensations prévues à la hausse de l’âge de la retraite des femmes, qui sont «très limitées et parmi les plus basses jamais discutées». Ce qui, a-t-elle expliqué, se traduira par une diminution des rentes pour une partie importante des femmes concernées, y compris pour celles ayant des bas revenus.

Mobilisations contre AVS 21

Ces arguments faisaient écho à la revendication de 314187 personnes, remise le matin même par l’Union syndicale suisse (USS) à la Chancellerie fédérale à l’intention des parlementaires. L’appel «Pas touche aux rentes des femmes!» s’oppose à une nouvelle révision de l’AVS faite sur leur dos et exige de renoncer aux péjorations prévues dans AVS 21. Le nombre de signatures, obtenues en à peine plus d’une semaine, est un «véritable sursaut d’indignation dans la population», soulignait l’USS.

En début d’après-midi, juste avant l’ouverture de la séance du Conseil des Etats, les Collectifs de la grève féministe manifestaient aussi leur mécontentement sur la place Fédérale, exigeant des parlementaires «d’abandonner ce projet au profit d’une réforme qui mette enfin en place un modèle de prévoyance vieillesse égalitaire, solidaire et durable».

Compensations réduites

Le Conseil des Etats n’a pas cédé aux arguments des syndicats et des femmes. Au contraire, il a empiré le projet du gouvernement en diminuant les compensations pour les générations de transition, soit les femmes atteignant 65 ans durant les neuf années suivant l’introduction de la réforme, prévue autour de 2023. Le montant de 712 millions par an octroyé par le Conseil fédéral à cet effet passe à 430 millions. Une somme à mettre en relation avec les 1400 millions d’économies annuelles obtenues avec la hausse de l’âge de la retraite des femmes.  

Flexibilisation

Outre l’acceptation de la notion d’«âge de référence» donnant droit à une rente, fixé à 65 ans, les sénateurs ont encore accepté la flexibilisation de l’âge de la retraite, mais uniquement de 63 à 70 ans, plutôt que de 62 à 70 comme le proposait le Conseil fédéral. Une décision contestée également par l’USS, les femmes perdant une année d’anticipation. Autre divergence, la Chambre des cantons a abaissé le taux de TVA proposé de 0,7% à 0,3%.

A l’issue des débats, l’USS a réaffirmé sa position: «Avoir travaillé toute sa vie doit donner droit à une bonne rente à la retraite. Toute révision de l’AVS doit donc prendre en compte et résoudre les problèmes qui se posent aujourd’hui. La solution est simple: renforcer l’AVS au lieu de l’affaiblir.» Or la voie prise par le Conseil des Etats va à l’encontre des femmes, a précisé l’USS, assurant qu’elle s’engagera pour que le Conseil national, qui abordera AVS 21 lors d’une prochaine session, «corrige drastiquement le projet».

Pour aller plus loin

La réforme du 2e pilier est balayée dans les urnes

Banderole contre la réforme du 2e pilier.

Plus de deux tiers des Suisses et Suissesses ont refusé le projet LPP 21. Une victoire de plus pour les syndicats, après la 13e rente AVS.

Désaccord sur le financement de la 13e rente AVS

L’Union syndicale suisse déplore que le Conseil fédéral semble ne pas avoir compris le message envoyé par la population lors de la votation sur la 13e rente.

La réforme de la 13e rente AVS approuvée par le peuple devra entrer en vigueur en 2026. Une mesure qui coûtera quelque 4,2 milliards de francs selon le Conseil fédéral, qui propose...

«On assiste à une privatisation rampante de la prévoyance vieillesse»

«On a trop diminué les rentes et rien ne justifie de le faire encore en réduisant le taux de conversion», estime Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse.

Le président de l’Union syndicale suisse, Pierre-Yves Maillard, appelle à rejeter la réforme du 2e pilier pour défendre le principe de la solidarité sociale et contrer l’essor des extrêmes en politique. Interview.

La réforme du 2e pilier, c’est des assureurs toujours plus riches, et des cacahuètes pour les assurés

Des membres des syndicats et de la gauche prennent la parole au centre de Neuchâtel.

Le comité unitaire neuchâtelois contre LPP 21 a mis en scène avec humour cette «arnaque», pour lancer sa campagne en vue de la votation du 22 septembre.