La Bibliothèque de Genève ressuscite dans une exposition les visuels des mouvements de contestation des années 1970 et 1980
A la Bibliothèque de Genève, une exposition présente une quarantaine d’affiches de mouvements de contestation des années 1970 et 1980. Réalisée en collaboration avec les Archives contestataires, une association qui collecte les documents de mouvements sociaux de la seconde partie du 20e siècle, «Affiches sauvages, mémoires militantes» montre la diversité des luttes poursuivies dans la foulée de Mai 68 autant que la qualité des productions graphiques des nombreux collectifs créés durant cette période. Certaines affiches s’inscrivent entièrement dans le style lancé par les étudiants occupant l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en mai-juin 1968, telle «Hors-jeu en Argentine», qui dénonce le régime dictatorial du général Videla, alors que le pays accueille la Coupe du monde de football en 1978. La solidarité internationale et le soutien aux mouvements de libération nationale sont des thèmes centraux de cette époque, comme le rappelle bien l’exposition. Ces années-là sont aussi marquées par l’activisme forcené de militants gauchistes en guerre contre les bureaucrates et autres bonzes syndicaux. Editée par le Comité d’action syndicale de Lausanne, lié au groupe maoïste Rupture pour le communisme, une affiche de 1976 évoque les mouvements sociaux à l’imprimerie du Courrier à Genève, à la fabrique de meubles Leu à Chavannes, chez Bulova à Neuchâtel et appelle, «contre la baisse des salaires, les licenciements et les fermetures d’entreprises», à la grève et aux occupations. L’accrochage de la Bibliothèque de Genève n’oublie pas que c’est dans les années 1970 qu’émerge le Mouvement de libération des femmes (MLF). Avec «A qui appartient le ventre de cette femme?», le MLF genevois revendique en 1975 l’interruption volontaire de grossesse libre et gratuit. D’autres affiches abordent les questions de la crise, de la solidarité avec les immigrés, du nucléaire et de l’environnement, du logement et de l’aménagement urbain ou encore de l’objection de conscience. Ces affiches sont complétées par une dizaine de photos et quelques visuels encore des années 1930, dont un placard de la FOBB, un syndicat ancêtre d’Unia, en faveur de la semaine de 40 heures dans la ferblanterie.
«Affiches sauvages, mémoires militantes», jusqu’au 4 septembre au 1er étage de la Bibliothèque de Genève, promenade des Bastions 1, lu-ve 9h-18h, sa 9h-12h, entrée libre, port du masque obligatoire.
L'exposition est également visible en ligne sur:
blog.bge-geneve.ch/affiches-sauvages