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«C’est un désastre humain»

L’entreprise Gainerie Moderne SA à Givisiez va licencier 33 personnes. Unia, qui a suivi la procédure de consultation, dénonce une démarche bâclée et irrespectueuse des salariés

Coup dur pour l’emploi à Fribourg. L’entreprise d’emballage et de design Gainerie Moderne SA à Givisiez va licencier 33 personnes sur les 74 collaborateurs qu’elle compte. Un chiffre légèrement inférieur à celui annoncé au début du processus, le 12 avril dernier, qui prévoyait la perte d’une quarantaine de postes. Reste que cette nouvelle se révèle particulièrement brutale pour les travailleurs, en dépit des rumeurs de restructuration qui circulaient à la suite du rachat de la société, décembre passé, par l’entrepreneur genevois Sylvain Wenger. La méthode qui a précédé la décision finale laisse aussi un goût amer à Unia. Le syndicat estime en effet que la démarche «a été bâclée et irrespectueuse tant de la loi que des salariés».

Interdit d’accès

Dès l’annonce de la réduction des effectifs – que la société justifie par une baisse de près de 35% de son chiffre d’affaires ces deux années passées – Unia demande à la direction une prolongation de la procédure de consultation. Cette dernière doit permettre au personnel de proposer des alternatives aux licenciements. Gainerie Moderne SA a fixé le délai au 22 avril, soit même pas dix jours ouvrables, avant de le repousser au 26 avril. Insuffisant, selon Unia, qui s’oppose à cette nouvelle échéance. Dans l’intervalle, le syndicat a été contacté par la Commission du personnel qui a réclamé à l’entreprise des informations supplémentaires pour pouvoir mener à bien sa mission. Sans succès. «Nous ne disposions d’aucun élément, tel qu’organigrammes présent et futur, économie visée, options déjà analysées par la direction…» déplore Yolande Peisl-Gaillet, cosecrétaire régionale d’Unia Fribourg. Une première assemblée avec les travailleurs est organisée. A une large majorité, les participants mandatent le syndicat pour accompagner le processus et créent des groupes de travail. Mais la direction refuse de libérer du temps et des renforts pour épauler les représentants du personnel au nombre de trois seulement. Au terme de nouvelles passes d’armes et d’une seconde réunion, Unia se voit interdire l’accès à l’entreprise. La Commission du personnel jette l’éponge et démissionne.

Mépris total

«Tout a été entrepris par Gainerie Moderne SA pour que les salariés ne soient pas en mesure de mener une consultation en bonne et due forme. Convoqués par la direction, les travailleurs ont aussi subi des pressions», s’indigne la syndicaliste. A la suite de sa mise à l’écart, Unia contacte le Service public de l’emploi, le priant d’organiser une médiation. En vain. «L’entreprise a refusé d’y participer. Les autorités ont jugé de leur côté qu’elle a agi dans la légalité.» Pas de quoi décourager les syndicalistes qui organisent une troisième assemblée et définissent avec les travailleurs un plan social, ultime mesure possible, visant à atténuer les conséquences des licenciements. «Nous n’avons reçu aucune réponse à nos propositions. Seule la légitimité du syndicat a été mise en cause alors que près de la moitié du personnel est membre d’Unia», constate, amère, Yolande Peisl-Gaillet. Pour le syndicat, les conditions de la procédure de consultation n’ont pas permis aux travailleurs de formuler des propositions. «Les licenciements sont par conséquent abusifs. Nous défendrons individuellement les salariés qui le souhaitent pour faire valoir leurs droits.» Cette situation illustre, selon la cosecrétaire régionale, la faiblesse du cadre légal fixé aux sociétés lors de restructurations de ce genre. «Le droit à la consultation ne doit pas être un exercice alibi et les licenciements la seule option pour pérenniser le capital des entreprises. Nous assistons une fois de plus à un désastre humain et à une absence de reconnaissance de l’engagement et du savoir-faire des travailleurs qui n’ont pu présenter leurs solutions. C’est du mépris total. Et ce alors que des salariés comptent plusieurs dizaines d’années de service.»

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