Une indispensable revalorisation des métiers féminins
Dans le canton de Vaud, comme dans d’autres régions, Unia s’est rendu dans des blanchisseries industrielles, où une majorité de femmes travaillent, pour rappeler les revendications en vue du renouvellement de la CCT
Ce sont elles qui lavent le linge des hôtels et des restaurants et, surtout, des hôpitaux et des EMS. Les ouvrières des blanchisseries industrielles étaient donc en première ligne durant la pandémie. Et pourtant leurs salaires restent très bas et leurs conditions de travail pénibles. Le salaire minimum ne dépasse pas 3350 francs brut à 100% pour 42 heures hebdomadaires. Elles savent quand elles commencent leur journée, entre 5h et 7h du matin, mais presque jamais quand elles la terminent, car leurs horaires dépendent de la charge de travail. Si les entreprises emploient des hommes aussi, bien sûr, ils le sont principalement dans des postes liés à la livraison ou à la logistique.
En ce 14 juin, les secrétaires syndicaux d’Unia vont à la rencontre des ouvrières dans les divers sites vaudois. Dans l’un d’eux, Nicole Vassalli explique, le temps d’une courte pause, les négociations en cours pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT) romande du nettoyage des textiles. Son message principal porte sur la revalorisation des salaires minimaux. «Trouvez-vous normal de toucher 1000 francs de moins par mois qu’un chauffeur?» demande la permanente syndicale. Les femmes font non de la tête. En aparté, une ouvrière ne cache pas son ras-le-bol: «Je ne comprends pas pourquoi les salaires sont si bas, alors qu’on travaille si dur!»
«Vous gagnez moins, car généralement, les métiers dits féminins sont moins bien rémunérés que ceux exercés par des hommes, continue Nicole Vassalli. Et les femmes ont tendance à ne pas négocier un salaire ou à ne pas demander une augmentation. C’est comme ça dans la blanchisserie, mais aussi dans la vente, le nettoyage… Alors que votre travail n’est ni moins important ni moins pénible que celui des hommes.» Une ouvrière lance en riant: «Oui, mon mari m’a demandé pourquoi je ne passais pas mon permis poids lourd pour faire livreuse. La différence de salaire fait réfléchir...»
Pour des salaires justes
Plus largement, Unia Vaud demande plus de pouvoir d’achat pour toutes et tous, une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée, davantage de protection de la santé. Dans les faits, cela passe par une revalorisation des salaires minimaux (actuellement le salaire d’une ou d’un employé non qualifié s’élève à 18,10 francs brut l’heure selon la CCT), une reconnaissance de l’expérience acquise dans la branche et le passage automatique aux catégories salariales supérieures durant la carrière, la suppression des deux jours de carence en cas de maladie, la fixation des plannings deux semaines à l’avance en précisant le début et la fin de la journée de travail, cinq semaines de vacances pour toutes et tous, et une meilleure protection des femmes enceintes. «Nous avons besoin de votre avis pour connaître les thématiques prioritaires. Les salaires, les vacances, la planification?» questionne la permanente syndicale, avant d’ajouter: «N’hésitez pas à rejoindre le syndicat pour faire entendre votre voix et améliorer vos conditions de travail!»
Le temps de parole est compté. La pause dure 15 minutes, pas une seconde de plus. A la sonnerie, les travailleuses sortent de la cafétéria. D’autres arrivent. Trois pauses se succèdent pour échelonner le nombre de personnes dans la salle. Les collaborateurs d’Unia distribuent croissants, cafés, jus d’orange, autocollants, tracts. Une partie des ouvrières épinglent et collent à leur blouse pin’s et autocollants pour l’égalité. «Les chefs ne vont pas aimer, mais cela m’est égal», dit en souriant l’une d’elles. Et pourtant, le message «Pas de réforme de l’AVS sur le dos des femmes!» touche au système et non pas à l’entreprise même.
Certaines sont syndiquées, d’autres non. Rien ne filtre, la confidentialité prime. «Comme vous avez vu, je ne marque aucune différence entre celles que je connais et les autres», précise Nicole Vassalli dans la cafétéria, en invitant les ouvrières à la contacter. Un dernier employé arrive à la pause. Un croissant? «Non merci, je suis au régime», rit-il, comme d’autres collègues avant lui. Un pin’s? «Ah oui, je vais le donner à ma femme… Mais je suis un homme solidaire.»