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Numéro 1 du mépris

Du jamais-vu. Depuis début avril, le personnel des huit grands centres logistiques d’Amazon en France sont en grève pour réclamer de meilleurs salaires. D’après l’intersyndicale qui organise la mobilisation, 2000 des 15000 salariés suivraient le mouvement. Sur certains sites, les travailleurs n’ont même pas attendu les syndicats pour débrayer et protester. Les raisons de leur colère? En pleines négociations salariales annuelles obligatoires, la direction refuse d’accéder à la demande des employés et de leurs syndicats, à savoir une augmentation de salaire d’au moins 5%. Amazon a d’abord proposé une hausse générale des salaires de 3%, puis, mi-avril, le géant a revu sa copie et soumis une dernière offre jugée «attractive» de 3,5%. Amazon n’ira pas plus haut.

«Inadmissible», pour les syndicats, qui ont appelé à poursuivre les actions sur les sites aux quatre coins du pays. L’échec de ces négociations est plus large puisqu’aucune des quinze revendications syndicales ne figure dans l’accord final. Les pourparlers sont au point mort. Une ultime rencontre devait avoir lieu le 20 avril pour signer l’accord, mais elle a été repoussée au 3 mai. Quand on sait qu’en 2021, les bénéfices d’Amazon ont explosé de 57% à plus de 33 milliards de dollars, on comprend l’amertume des travailleurs, qui doivent faire face à la flambée des prix des carburants, de l’énergie et à une inflation importante. Augmenter un salaire de 1500 euros de 3,5% reviendrait à gagner environ 50 euros de plus par mois, même pas de quoi faire un plein d’essence… Le plus rageant, c’est qu’exactement au même moment, Amazon a pris la décision de facturer aux vendeurs une taxe de 5% pour financer... le carburant et l’inflation! Il y a donc deux poids deux mesures: Amazon, multinationale richissime qui refuse de perdre 1 centime face à la hausse des prix, et ses employés qui peuvent bien se contenter de cacahouètes pour (sur)vivre. Quel mépris, et quelle hypocrisie…

Doit-on rappeler que travailler pour Amazon est déjà une épreuve au quotidien? Les cadences sont toujours plus élevées, la charge de travail inédite et la surveillance de plus en plus accrue. Les syndicats parlent ouvertement de «flicage» des employés. Sans oublier la dure mise à l’épreuve de leur santé: les maux de dos et d’épaules sont récurrents, et avec, les accidents du travail et les burn-outs liés à une mise sous pression au rendement constante. Et tout ça pour gagner à peine plus que le Smic… Difficile à encaisser quand on voit le big boss, Jeff Bezos, homme le plus riche de la planète, aller se balader dans l’espace! En tout cas, même si Amazon regorge de combines pour déplacer le travail dans d’autres entrepôts, les salariés restent motivés et entendent bien se mobiliser jusqu’à obtenir gain de cause. Et nous, consommateurs, pouvons les aider en boycottant nos achats et en les relocalisant. Ça fera du bien à nos commerçants et à la planète au passage!