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«Alireza, on ne t’oublie pas!»

Des manifestants derrière une banderole "Ne nous enterrez pas avec nos rêves".
© Olivier Vogelsang

Le suicide d’Alireza, jeune requérant afghan, deux jours après avoir eu connaissance de son renvoi, avait suscité un large mouvement de colère. Ici la manifestation du 8 décembre 2022 dénonçant une politique d’asile meurtrière et le manque de prise en charge des jeunes migrants.

A Genève, une manifestation a réclamé la fermeture du foyer de l’Etoile pour jeunes migrants en rappelant qu’un résident de 18 ans s’est donné la mort en novembre 2022

Mercredi dernier, bravant un froid de canard, près de 80 personnes se sont rassemblées sur la place du Rhône à Genève pour exiger la fermeture du foyer de l’Etoile. Sis dans le quartier des Acacias, cet établissement héberge environ 135 jeunes migrants, dont une centaine de réfugiés mineurs non accompagnés (RMNA). «Dans des conditions inacceptables», a dénoncé au mégaphone Jocelyne Haller, députée d’Ensemble à gauche et membre d’Unia Genève. «Ne parlons pas de foyer puisqu’il s’agit en fait d’un véritable parking à jeunes, en bordure d'une route à grand trafic, en pleine zone industrielle, bétonné, grillagé, bouclé par des Protectas», souligne, de son côté, Dario Lopreno pour le collectif d’organisations appelant à la manifestation et comprenant Unia. L’encadrement des jeunes migrants est «nul», pointe ce syndicaliste du Syndicat des services publics, «le personnel est gravement en sous-effectif, il n’y a que des contrats temporaires, la prise en charge psychiatrique n’existe carrément pas et les soins généraux sont dispensés juste quelques demi-journées par semaine». Une militante lit le témoignage de Farid, 20 ans: «Ici, je me sens comme en prison, il y a les bagarres, les multiples contrôles pour entrer et sortir, mais surtout le manque de chaleur humaine.» Alireza, ce jeune Afghan de 18 ans, résidait dans le foyer jusqu’à ce qu’il mette fin à ses jours en novembre 2022 après avoir appris qu’il serait renvoyé en Grèce.

Ouvert en 2016 par l’Hospice général, le centre n’a obtenu qu’une autorisation provisoire de fonctionner faute de répondre aux normes. Le transfert des résidents vers d’autres structures a été annoncé à… huit reprises et, à chaque fois, abandonné. Soupçonnant une «politique délibérée pour dissuader l’asile», Dario Lopreno s’indigne d’une «escroquerie sociale et politique» et qu’un «Conseil d’Etat de gauche chapeaute cette maltraitance des jeunes et du personnel». Interrogé par la Tribune de Genève, le porte-parole du Département de la cohésion sociale indique qu’une nouvelle annonce sera faite cette semaine concernant l’asile et les RMNA. Les organisateurs de la manifestation estiment que des maisons vides peuvent être réquisitionnées pour aménager de nouveaux foyers et que des terrains peuvent accueillir des constructions préfabriquées.

Après les prises de parole, les manifestants sont montés en cortège dans la Vieille-Ville. Les slogans résonnent: «Alireza, on t’oublie pas», «Stop aux renvois», «Permis B pour tout le monde», «Fermez l’Etoile»… A l’Hôtel-de-Ville, ils ont allumé des bougies en souvenir des quatre jeunes migrants décédés tragiquement depuis 2018 à Genève. Un jeune homme frappe sur un grand tambourin en criant: «Hospice: injustice». D’origine kurde, il a obtenu l’asile et réside au foyer de Presinge. «Il y a de gros problèmes dans les foyers. J’ai moi-même subi des violences de la part d’agents de sécurité», confie-t-il. Une nouvelle manifestation est d’ores et déjà prévue le 29 mars, histoire, selon Dario Lopreno, de maintenir la pression: «Il faut que nous soyons cinq fois plus nombreux la prochaine fois.»

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