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Déterminés à obtenir un meilleur plan social

Rassemblement devant l'usine de Vernayaz.
© Unia

La trentaine de salariés qui vont perdre leur emploi ont manifesté et témoigné de leur colère le 2 mai dernier devant leur usine de Vernayaz.

Les travailleurs licenciés de Constantin Martial & Cie et leurs syndicats ont mené deux actions, entre le Valais et la France, pour exiger un plan social à la hauteur des dommages causés

Alors que les négociations pour un plan social sont en cours, Unia et les Syndicats chrétiens du Valais ont appelé le 2 mai à une action devant le siège de l’entreprise Constantin Martial & Cie. Déterminée, la trentaine d’employés licenciés était présente pour partager sa colère (lire les témoignages ci-dessous). Les banderoles déployées donnent le ton de la mobilisation: «PBM pour les emplois sacrifiés, tu dois payer!», ou encore «PBM pour les vies sacrifiées, tu dois payer!»

Pour rappel, l’entreprise valaisanne, spécialisée dans la fabrication d’éléments préfabriqués en béton depuis 1961, avait été rachetée par le groupe français PBM il y a moins de cinq ans. Malgré ses promesses de développement, ce dernier a récemment annoncé la délocalisation de la production en France, laissant 33 travailleurs sur le carreau à Vernayaz (lire L’ES des 5 et 26 avril). Les départs se feront progressivement à partir de fin mai, et jusqu’à fin octobre.

Après avoir encaissé le refus d’un éventuel repreneur et donc la fin de l’activité, les salariés, dont la plupart travaillent chez Constantin Martial & Cie depuis plus de vingt ans, voire trente, ont mandaté les syndicats pour négocier un plan social à la hauteur du préjudice subi. Depuis le début, l’employeur propose un mois de salaire en guise d’indemnités de licenciement, ou bien un accompagnement de plusieurs mois pour faciliter la recherche d’un nouvel emploi. Trop peu, selon les employés et les syndicats, qui ont fait des propositions pour obtenir davantage, surtout pour les plus de 50 ans et ceux qui ont plus de 30 ans d’ancienneté. A l’heure où nous mettions sous presse, deux rencontres avaient déjà eu lieu et une troisième se tenait hier.

«Nous ne demandons pas la lune, simplement un plan qui respecte l’engagement sans faille, jusqu’à aujourd’hui, de ces fidèles employés», a déclaré Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais.

Deux travailleurs, qui ont préféré conserver leur anonymat, ont accepté de témoigner.

Jean*

«On est tristes, dégoûtés, et en même temps, on a la rage. Cette annonce est un vrai coup de tonnerre, un choc. Certains ne réalisent pas vraiment. On ne s’y attendait pas du tout, car quand PBM a racheté l’entreprise, ils nous ont présenté tout un projet auquel on a cru. On était contents, on s’est projetés dans l’avenir. Certains d’entre nous avions reçu des propositions pour travailler ailleurs mais on est restés, car le plan avait l’air solide. Ils nous ont vendu du rêve, mais c’était du vent.

Du boulot, il y en a toujours eu. Après, on nous a dit qu’on ne faisait pas assez de chiffre d’affaires. On pensait qu’ils licencieraient deux ou trois personnes, mais pas toute la production!

Nous n’avons reçu aucune proposition de poste en France. C’est nous le savoir-faire, et ils nous ont tout pris. Ils vont maintenir l’entreprise active avec l’administration et les architectes, mais pas les ouvriers.

Quant au plan social proposé par la direction, il n’est pas suffisant, surtout pour ceux qui ont vingt ans de boîte et plus. Et puis, c’est aussi contradictoire, car ils proposent de nous accompagner pour la suite, mais d’un autre côté, ils sont réticents à ce qu’on parte avant la fin de notre préavis, je ne trouve pas cela très correct.»


Pierre*

«Je considérais l’ancien patron de Constantin Martial & Cie comme un père, et quand PBM a racheté, ils nous ont convaincus de rester. Ils ont dépensé des milliers de francs pour l’étude de la nouvelle halle qu’il voulait faire. De l’argent mis à la poubelle. Après plus de vingt ans à travailler ici, j’ai été surpris, déçu et en colère. On a pourtant proposé de reprendre l’entreprise, mais ils ont refusé. Ils vont vendre l’usine, mais pas pour notre activité. Ils veulent clairement éliminer la concurrence et prendre le savoir-faire pour avoir le monopole. Ils ne pensent qu’au business, et pas aux ouvriers.

Me retrouver au chômage pour la première fois à plus de 50 ans, je le vis un peu comme un échec. Je ne suis pas venu en Suisse il y a trente ans pour ça. Ce ne sera pas facile de retrouver du travail vu mon âge, et aussi parce que la préfabrication est très différente de la construction, ce ne sont pas les mêmes techniques. Pour continuer à faire ce que je fais, il faudrait aller jusqu’à Bulle… Et si je ne retrouve pas rapidement du travail, je risque de perdre mon droit à la retraite anticipée à 60 ans: c’est très difficile à vivre pour moi qui me voyais finir ma carrière ici à Vernayaz. Je suis dégoûté, et ça empiète évidemment sur ma famille, tout le monde est mal. Vingt-deux ans, ce n’est pas 22 jours: ça fait mal, mais je vais travailler jusqu’au dernier jour, et partir la tête haute.

Et d’ici là, j’espère qu’on trouvera un accord sur le plan social, car proposer la même indemnité aux nouveaux comme aux anciens, ce n’est pas du tout normal!»

* Prénoms d’emprunt.

Les syndicats mettent la pression en France

Action à Paris.
Les syndicalistes d’Unia sont allés interpeller la direction de PBM devant son siège de Saint-Priest, vendredi dernier aux aurores. © Unia

 

Trois jours après l’action sur le site valaisan de Constantin Martial & Cie, Unia et les Syndicats chrétiens du Valais se sont rendus devant le siège de PBM à Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon, pour réclamer un plan social digne de ce nom.

«C’est au siège de PBM que toutes les décisions se prennent concernant le site de Vernayaz, explique leur communiqué de presse. Avec cette action, notre objectif était de souligner une nouvelle fois la nécessité pour le personnel de Vernayaz d’obtenir un plan social à la hauteur du préjudice subi.»

Grand préjudice

A travers ces deux actions, ils espèrent que PBM prendra la mesure du désarroi des salariés et de l’urgence de leur octroyer un plan social beaucoup plus substantiel que ce que le groupe propose actuellement. «En décidant de sacrifier plus de 30 empois et de faire disparaître un savoir-faire accumulé de plus de 60 ans, PBM n’a sans doute pas pris la mesure du traumatisme et du préjudice qu’il fait subir au personnel de production de l’entreprise Constantin Martial & Cie SA à Vernayaz», regrettent les syndicats. «Par ailleurs, en délocalisant la production sur un autre site de PBM tout en gardant la raison sociale de Constantin pour la commercialisation de ses produits, en sus de la décision initiale insensée, PBM s’approprie indûment, qui plus est, une réputation d’excellence acquise au fil des années grâce à l’engagement et à la qualité du travail fourni par les salariés de la production de Constantin Martial & Cie SA.»

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