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L’égalité, maintenant!

Syndicalistes d'Unia, poing levé!
© Olivier Vogelsang

«Ensemble nous sommes forts, l’engagement de chacun et de chacune fait aussi la différence» a estimé la présidente d’Unia, Vania Alleva (2e depuis la gauche).

A une semaine de la Grève des femmes, la présidente du syndicat Unia, Vania Alleva, revient sur les enjeux de la mobilisation et pose les jalons de l’après-14 juin 2023. Entretien

Le compte à rebours est lancé. J-7 avant la grande Grève féministe du 14 juin. Après 1991 et 2019, qui ont vu un demi-million de femmes battre le pavé, ce troisième round s’annonce au moins aussi populaire. Car 42 ans après avoir inscrit le principe d’égalité entre les femmes et les hommes dans la Constitution de notre pays, on en est encore très loin, que ce soit au travail, au sein du foyer ou dans la rue.

Unia, au cœur de l’organisation de cette grande journée d’action, travaille depuis des mois à mobiliser les travailleuses dans les branches et les entreprises. A savoir que, depuis la création d’Unia en 2004, la part des femmes syndiquées a augmenté continuellement de plus de 10%, pour atteindre aujourd’hui 30%. Et ce n’est que le début de l’organisation des femmes!

Vania Alleva, la présidente du syndicat, rappelle l’importance de participer aux actions du 14 juin prochain, mais aussi de s’engager au-delà de ce rendez-vous.


Quelles seront les grandes revendications portées par Unia?

Notre cri de mobilisation pour le 14 juin est: «Du respect, plus d’argent, plus de temps!» Il faut enfin avancer au lieu de reculer sur la question des salaires, des retraites et d’une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Nous revendiquerons par ailleurs une tolérance zéro pour le harcèlement sexuel.

Dans l'appel du 14 juin, l'égalité salariale est relayée au second plan, alors que c'était une revendication phare en 2019. Pourquoi?

L'application de l'égalité salariale reste une revendication centrale, mais nous devons agir simultanément sur plusieurs fronts. L'évolution des salaires au cours des quatre dernières années montre que l'écart salarial se creuse de nouveau et que les bas et moyens salaires perdent du pouvoir d'achat. Ce sont en grande partie des salaires féminins. En outre, l'étude présentée la semaine dernière par l'USS montre qu'il existe une inégalité structurelle entre les branches qui ne se justifie pas par le travail partiel. Le salaire horaire est beaucoup plus bas dans les branches où les femmes sont nombreuses, l'évolution salariale est également moins bonne et même la formation et la formation continue ne sont guère payantes. C'est pourquoi nous demandons, outre l'égalité salariale, une revalorisation des métiers dits féminins. Il faut négocier dans les conventions collectives des salaires de 4500 francs pour tous et au moins 5000 francs pour les personnes qualifiées.

Quelle forme prendra ce 14 juin 2023?

Pour faire avancer l'égalité, il faut mettre la pression dans la rue et au sein des branches. C'est pourquoi nous allons soutenir les collectifs féministes dans l'organisation des actions et des manifestations dans l'espace public et, par ailleurs, nous mettons notre force sur le terrain pour mobiliser au niveau des secteurs et dans les entreprises.

Les actions sur les lieux de travail ne sont jamais faciles à mettre en place, malgré tout, elles seront nombreuses, plus ou moins importantes.

Est-ce qu'il y aura des grèves au sens strict du terme et, si oui, ces femmes grévistes prennent-elles un risque?

Dans plusieurs endroits, il y aura des pauses prolongées et, dans d’autres, il y aura probablement aussi des arrêts de travail plus longs. Il est important qu'il s'agisse toujours d'une action collective et que le syndicat soit impliqué dans l’organisation pour que le personnel soit mieux protégé.

En 2019, 500000 personnes étaient dans les rues de Suisse. Or, depuis, l'égalité a stagné, voire reculé. Est-ce que, cette fois, Unia a l'espoir que les choses changent réellement?

Le 14 juin ne sera certainement pas suffisant. C'est pourquoi il est fondamental que les femmes s'organisent au niveau syndical, se mobilisent, et que nous portions massivement la lutte pour l'égalité dans les branches et les entreprises.

Que dire aux personnes qui hésitent encore à se mobiliser le 14 juin?

Aucun cadeau n’est fait aux femmes et aux travailleuses. Pour que l’égalité avance, l’engagement de chacun et de chacune fait aussi la différence. Uniti siamo forti! (Ensemble nous sommes forts!, ndlr)

Est-ce que les hommes sont les bienvenus le 14 juin?

Oui, les hommes solidaires sont les bienvenus. La lutte pour l'égalité est au cœur d’une lutte syndicale pour les mêmes droits. C'est la lutte pour une société meilleure. C’est notre combat commun!

Le 14 juin est une grande étape et, après cette date, quelle direction va prendre la mobilisation?

Nous allons évidemment maintenir la pression au-delà du 14 juin. La lutte continue dans les branches, dans les entreprises. La prochaine étape importante sera la mobilisation de l'automne. Nous planifions une manifestation nationale le 16 septembre.

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