Mobilisation contre le retour de l’austérité
Quelque 15000 personnes provenant de toute l’Europe se sont rendues à Bruxelles pour protester contre la mise en œuvre de programmes d’austérité
Ce 12 décembre, quelque 15000 travailleuses et travailleurs provenant de toute l’Europe ont marché sur les institutions européennes à Bruxelles pour protester contre des plans prévoyant, dès l’an prochain, la mise en œuvre d’un programme d’austérité. Les manifestants répondaient à l’appel lancé par la Confédération européenne des syndicats (CES). «Ce dont il s’agit ici, c’est de l’avenir même de l’Union européenne. Ce qui est en passe de se décider, c’est s’il y aura suffisamment d’investissements pour nos emplois et la transition écologique. Ce qui est en passe de se décider, c’est s’il y aura suffisamment d’hôpitaux, d’écoles et de logement», a déclaré Esther Lynch, secrétaire générale de la CES, citée dans un communiqué de presse de l’organisation faîtière. Cette dernière, sur la base du projet actuel, a dressé la liste des Etats qui seraient contraints de procéder à des économies. Et a évalué le nombre de postes qui pourraient être financés avec ces montants dans les domaines des soins et de l’éducation. Selon cette source, 14 pays membres de l’Union européenne devraient réduire annuellement leur budget de plusieurs milliards de francs à plusieurs millions de francs pour un total, rien qu’en 2024, de 45 milliards de francs. La Belgique serait la plus touchée avec la nécessité de diminuer son budget de 2,7 milliards de francs. Cette somme permettrait, à titre d’exemple, de financer 37888 postes d’infirmiers et 82500 enseignants. La CES précise que de nouvelles règles seront introduites en janvier prochain, mais qu’elles n’ont pas encore fait l’objet d’accord.
Refus de limites arbitraires
La proposition actuelle prévoit que les Etats membres affichant un déficit de plus de 3% du PIB devront chaque année réduire leur déficit budgétaire de minimum 0,5% du PIB. Outre les menaces sur l’emploi, les rémunérations et la surcharge des services publics, la CES estime qu’une telle contrainte ne permettrait pas aux pays de supporter les investissements nécessaires pour atteindre les propres objectifs sociaux et climatiques de l’UE. Elle s’inquiète aussi des coûts politiques d’un tel programme qui profiterait surtout à l’extrême droite, selon une récente étude qu’elle cite. Dans ce contexte, elle revendique «des règles de gouvernance économique qui placent le bien-être des gens et de la planète au-dessus de limites arbitraires». Et plaide au moins pour une «règle d’or» qui exclut d’économies potentielles les investissements dans le social, le climat et pour une transition juste. La CES défend une nouvelle prolongation d’un an de la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance, «afin d’accorder suffisamment de temps pour aboutir à une réforme soutenable des règles de gouvernance économique». Cette clause avait été activée afin de faire face aux retombées financières de la pandémie. Les syndicats ont aussi saisi cette occasion pour faire valoir leur manifeste en vue des élections de 2024 au Parlement européen. Ils demandent aux futurs élus de conclure «un accord équitable» avec la classe laborieuse. Et les invitent à approuver douze engagements qui englobent des meilleurs revenus et emplois, la fin des jobs précaires, la promotion du dialogue avec les syndicats, en passant également par la sécurité au travail, le renforcement des services publics, le rejet de l’austérité ou encore une juste transition climatique...