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«La sécurité, ce n’est pas que la police»

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© Thierry Porchet

Didier Zumbach à l’entrée de l’Hôtel-de-Ville d’Orbe dont il est membre de l’Exécutif municipal.

Syndicaliste et membre de l’Exécutif d’Orbe, Didier Zumbach plaide pour consolider les conditions de travail des salariés.

Syndicaliste et socialiste, Didier Zumbach a de qui tenir. L’un de ses arrière-grands-pères a participé à la fondation du syndicat des cheminots et du Parti socialiste suisse, tandis qu’un grand-oncle, chocolatier, a, lui, pris part à la création de la section socialiste d’Orbe et du syndicat FCTA. La cité du pied du jura est connue pour sa saucisse aux choux, mais c’est aussi ici qu’a été développé Nespresso dans la grande usine formée par le rachat des fabriques de chocolat Peter, Cailler et Kohler. La grande grève de ces usines en 1907 avait agité le canton, et l’armée avait été déployée dans le Nord vaudois. Didier Zumbach peut encore citer un grand-père, qui fut l’un des tout premiers adhérents de la section syndicale de l’usine à gaz de Malley. «Un jour, alors que j’étais apprenti peintre, il est arrivé avec le journal de la FOBB et il m’a dit: “Tu dois te syndiquer, je t’ai apporté le coupon d’adhésion”», se souvient-il.

Combat prioritaire

Le peintre en bâtiment suit le conseil. Il milite à la FOBB et devient en 1986 le président de sa section d’Orbe et du comité étendu du Nord vaudois, puis, trois ans après, vice-président de la région. A la suite de l’union de la FOBB avec la FTCP, il est élu président de la région romande du syndicat SIB. «Nous avions établi un bon rapport de force vis-à-vis de la Suisse alémanique, qui ne pouvait, dès lors, pas trop nous enquiquiner», sourit-il. Le SIB fusionne à son tour avec d’autres syndicats pour donner naissance en 2004 à Unia. Le syndicaliste sera longtemps vice-président d’Unia Vaud aux côtés de Mike Nista. D’une fusion à l’autre, le syndicat est devenu grand et il avoue regretter le temps de la FOBB, lorsque «les comités décidaient de tout».

Un combat syndical lui semble maintenant prioritaire, celui du renforcement de la protection contre les licenciements antisyndicaux: «Plutôt qu’un droit à la réintroduction, qui ne me paraît pas une solution viable dans les petites entreprises, je crois qu’une inversion du fardeau de la preuve assortie du versement d’une indemnité équivalant à deux ans de salaire dissuaderaient les patrons de licencier», explique ce juge assesseur au Tribunal des prud’hommes.

Autre question d’importance à ses yeux, l’amélioration de l’indice des prix à la consommation pour tenir mieux compte du coût de la vie, notamment des primes maladie. «Cela permettrait une meilleure indexation des salaires et une correction plus juste des rentes.»

Dépassement du capitalisme

Parallèlement à cet engagement syndical, Didier Zumbach a milité au Parti socialiste. Il a été membre du comité directeur du PS vaudois et a présidé sa commission de formation. Parmi ses faits d’armes, il est fier d’avoir pu avec ses camarades faire rejeter par le PS suisse le programme social-libéral de Simonetta Sommaruga et Rudolf Strahm. Et d’avoir réussi, avec la jeunesse socialiste, à faire adopter le principe du dépassement du capitalisme. 

En 2021, le socialiste est porté à l’Exécutif d’Orbe et hérite du dicastère des Services à la population. Il dit faire preuve de bienveillance envers les candidats à la naturalisation. Aucun n’a jusqu’à présent été recalé. «Il faut adapter nos exigences, qui ne peuvent pas être les mêmes si l’on a affaire à un universitaire francophone ou à un maçon portugais», juge-t-il. Il estime qu’il faut aussi se montrer indulgent sur les amendes de police lorsqu’il s’agit d’une première infraction ou d’une personne âgée qui aurait rencontré des difficultés avec un nouveau système.

«Entre mon travail et la commune, ça me fait du 140%, je n’ai plus beaucoup de temps à consacrer au syndicat.» Aujourd’hui, il est au repos forcé. «Je suis à l’assurance parce que je n’arrivais plus à m’agenouiller. Je vais peut-être me faire opérer. Dans les métiers de la peinture et du carrelage, nous sommes sans arrêt à genoux et, dans le temps, nous n’avions pas de protection.»

A 60 ans au compteur, le peintre n’a connu qu’un seul patron. «Son but n’est pas de faire du social, mais il respecte la convention collective et ne m’a jamais embêté.» 

Ne pas céder à l’UE

Par son travail et son engagement, Didier Zumbach connaît donc bien le monde ouvrier. «Quand on discute sur les chantiers ou ailleurs, tout le monde dit que les conditions de travail et d’engagement se sont dégradées. Si on compte en termes de pouvoir d’achat, par rapport aux années 1990, nous devrions gagner 1500 francs de plus pour faire face à toutes les augmentations. Alors, si on a besoin de 6000 francs pour faire le mois, des patrons qui engagent à 4000, comme on le voit dans certaines branches, ça ne va pas. Les ouvriers voteront non à un nouvel accord avec l’Union européenne qui comprendrait des concessions sur les conditions de travail et les services publics. Il faut que Pierre-Yves Maillard et l’Union syndicale suisse continuent de ne rien céder et de maintenir la pression. Il s’agit, au contraire, d’améliorer la situation des travailleurs, de renforcer les assurances sociales. La sécurité, ce n’est pas que la police, c’est permettre aussi aux gens de vivre correctement. C’est ainsi, je pense, que l’on peut lutter contre les dérives d’extrême droite.» 

Pause café militante avec Didier Zumbach, syndicaliste et membre de l’exécutif d’Orbe, qui plaide pour consolider les conditions de travail des salariés.