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De nouveaux chauffeurs Uber se rebiffent

Des secrétaires syndicaux et des chauffeurs discutent
© Neil Labrador

Des représentants d’Unia ont dénoncé les conditions de travail des chauffeurs grévistes relevant que, pour un salaire net compris entre 1500 et 2500 francs, ils devaient souvent travailler plus que les 45 heures hebdomadaires autorisées.

Soutenus par Unia, des employés d’une société vaudoise partenaire du géant étasunien ont débrayé la semaine dernière

Nouvelle grève de chauffeurs Uber. Le 12 juin, soutenus par Unia, quatre conducteurs de la société 2Ways ont débrayé et manifesté devant les bureaux romands de la multinationale à Carouge (GE). Pour rappel, en décembre dernier, une vingtaine de salariés engagés par des sociétés partenaires du géant étasunien avaient tenu au même endroit un piquet de grève, dénonçant de graves violations du droit du travail et des assurances sociales. «Le même schéma se répète», a déclaré au cours d’un point presse Umberto Bandiera, responsable transports et logistique Unia pour la Suisse romande, entouré des quatre grévistes. «Il s’agit encore d’une société enregistrée dans le canton de Vaud, qui recrute essentiellement des travailleurs frontaliers et transporte exclusivement de la clientèle pour le compte d’Uber. Un des deux associés de 2Ways nous est d’ailleurs connu, il était actif dans l’une des trois sociétés partenaires avec lesquelles nous sommes en conflit, Diagne Limousine. Lorsque nous l’avons attaqué en justice, il a fait radier son entreprise du Registre du commerce pour en créer une nouvelle qui mène la même activité.» Et les pratiques restent inchangées. Les conducteurs ne sont pas déclarés, ils accumulent les heures de travail et les salaires promis ne sont pas versés.

1500 francs net par mois

«Pour un salaire net compris entre 1500 et 2500 francs, ils doivent travailler souvent plus que les 45 heures hebdomadaires autorisées», indique le secrétaire syndical. «On était motivé, on n’a pas compté nos heures pour essayer d’atteindre le chiffre d’affaires qu’on nous fixait. Chaque semaine, on nous mettait la pression en nous montrant des chiffres et des courbes et en nous laissant entendre qu’on ne travaillait pas assez. Mais il est impossible d’atteindre les objectifs», témoigne l’un des chauffeurs. «On est menotté au volant, explique un autre. J’habite à Lyon et j’ai trouvé un pied-à-terre à Culoz, à deux heures de Lausanne. J’ai calculé que ce trajet me coûtait 520 euros en gasoil par mois. On nous a obligés en outre à contracter un forfait téléphonique à 99 francs mensuels d’une durée d’une année. Une fois payés ces frais, il ne nous reste pas grand-chose, surtout que le change est défavorable. On veut maintenant récupérer notre dû.»

Licenciés

Le second associé de 2Ways a pourtant affirmé à la Tribune de Genève que «les charges sociales sont correctement payées et les salaires selon la CCT respectés». «A eux de prouver la véracité de leurs allégations, les documents en notre possession ne vont pas dans ce sens», commente Umberto Bandiera. Selon les informations d’Unia, 2Ways ne possède aucune autorisation pour la location de services, puisque c’est bien cette Convention collective de travail (CCT) qui s’applique, comme l’a tranché en mars dernier dans une prise de position le Secrétariat d’Etat à l’économie.

Le syndicat a envoyé un courrier à Philippe Leuba en demandant au chef du Département de l’économie vaudoise d’ouvrir une médiation. «Les violations que nous avons constatées sont très graves et méritent l’attention des autorités.» En attendant, les chauffeurs grévistes ne reprendront pas le travail, l’employeur ayant licencié il y a quelques jours l’ensemble de ses collaborateurs pour raison «économique» après avoir semble-t-il découvert qu’ils s’étaient rapprochés du syndicat. Depuis la fin de l’hiver, une dizaine de personnes en tout auraient travaillé pour cette société.

Le plus grand arnaqueur

De son côté, Uber jure ne plus faire appel à des sociétés partenaires. Les chauffeurs grévistes assurent pourtant avoir été aiguillés vers les associés de 2Ways depuis les bureaux genevois de l’entreprise technologique. Ils travaillaient sur sa plateforme et ont été rémunérés par 2Ways. Responsable transports et logistique d’Unia, Roman Künzler regrette un comportement relevant de la mauvaise foi et des engagements non tenus. Devant les autorités genevoises, Uber avait en effet convenu d’ouvrir des négociations avec Unia. Le syndicat attend depuis février un rendez-vous à cette fin. «On parle beaucoup de CarPostal en ce moment, mais si on regarde les dégâts causés à la collectivité, ils sont autrement plus importants avec Uber, qui a cassé la branche des taxis, fait perdre des millions aux salariés, aux assurances sociales et aux impôts, tout en promouvant un système qui permet maintenant à la droite d’attaquer frontalement la protection des travailleurs, souligne Roman Künzler. Depuis le début, on a pu observer qu’Uber systématiquement ne respecte pas les lois. La société, qui économise deux tiers des coûts salariaux, est le plus grand arnaqueur de travailleurs en Suisse.»

 

 

Le trafic des partenaires se déplace sur Vaud

Alors que, jusqu’à présent, les sociétés partenaires d’Uber épinglées par Unia exerçaient sur le canton de Genève, 2Ways est active, elle, sur Vaud. «A la suite des pressions que nous avons menées, les autorités genevoises ont commencé à appliquer la nouvelle Loi cantonale sur les taxis et les voitures de transport avec chauffeur, observe Umberto Bandiera. La prochaine étape pour nous est donc le canton de Vaud.» Le Grand Conseil vaudois est d’ailleurs en train d’étudier un changement de législation. «Unia pousse les cantons à contrôler les voitures de transport avec chauffeur et à tenir un registre», explique Roman Künzler.

JB

 

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