Les raisons de la mobilisation
Dans un communiqué commun, Syna et Unia rappellent que «la Société des entrepreneurs veut démanteler la retraite anticipée, sous le prétexte de l’augmentation temporaire du nombre de travailleurs âgés. Elle veut soit relever l’âge de la retraite à 62 ans, soit réduire les rentes de 30% qui s’élèveraient dès lors en moyenne à 3300 francs. Plus personne ne pourra se permettre de partir à la retraite à 60 ans.» Pour pallier l’arrivée des baby-boomers à la retraite, les syndicats proposent une augmentation temporaire (jusqu’en 2024) des cotisations des employés et des employeurs. Sur la RTS, à la veille de la manifestation nationale, Flavio Torti, membre de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), déclare s’opposer à ces mesures. Ce patron estime que ces augmentations de cotisation induiraient une distorsion de la concurrence, puisque les entreprises étrangères ne participent pas au financement de la retraite anticipée, et nuiraient à l’attractivité du métier pour les jeunes. Autant d’arguments paradoxaux puisque la SSE souhaite amoindrir la Convention nationale, notamment en réduisant les salaires des travailleurs âgés, en raccourcissant les délais de licenciement, en augmentant le nombre d’heures hebdomadaires à 50 heures (sans compter les heures supplémentaires et le temps de déplacement) et en bloquant les salaires.
«Les mêmes entreprises qui licencient à tour de bras les travailleurs dès 50 ans, et veulent réduire les salaires en raison de la baisse de productivité des travailleurs âgés, veulent maintenant faire travailler les ouvriers deux ans de plus. C’est absurde», souligne Nico Lutz, responsable du secteur de la construction d’Unia.
«Les travailleurs de la construction demandent en revanche des journées de travail moins longues en été, une limitation du travail temporaire en forte hausse et une meilleure protection en cas d’intempéries», rappellent les syndicats. Et enfin, après 4 ans de blocage salarial, une augmentation de salaire de 150 francs pour atténuer les augmentations du coût de la vie (primes des assurances maladies, loyers, etc.). Un juste retour pour les travailleurs, puisque le chiffre d’affaires dans le secteur de la construction a progressé de 30% ces dernières années. Or, parallèlement, le travail temporaire a aussi explosé. «Entre 2015 et 2016, la part du travail temporaire a augmenté de 20% chez les plus de 50 ans», indique Unia dans un communiqué à la veille de la manifestation nationale. La pression sur les chantiers a ainsi augmenté. Nico Lutz insiste aussi sur le besoin vital d’assurer la sécurité des ouvriers: «Un travailleur sur cinq est victime d’un accident chaque année. Au cours de ces cinq dernières années, plus de 100 travailleurs de la construction on perdu la vie sur les chantiers de Suisse.»