Montreux, capitale éphémère d’un monde aux abois!
Montreux a accueilli la 67e édition de la réunion du groupe Bilderberg. Une officine plus ou moins secrète de la gouvernance de l’Occident chrétien et capitaliste. Ainsi, cette ville touristique perpétue sa tradition en lien direct avec la grande histoire, et quand la Première Guerre mondiale éclata, ses hôtels étaient vides. Pour occuper le personnel désœuvré, il s’organisait des conférences-débats pour divertir la diaspora. Lénine y fut même invité à plusieurs reprises. Les hôteliers étaient loin de se douter qu’il serait, quelques années plus tard, le premier président de l’URSS. Dans l’entre-deux-guerres, en 1934, la ville de Montreux fut choisie par le Comité d’action pour l’Universalité de Rome, créé par Mussolini, pour l’organisation du premier Congrès fasciste international. Inutile de vous écrire la suite du sujet. Mais, dans la nuit du 31 avril au 1er mai 1945, les soldats de Staline pénétraient, avant les Américains, dans les ruines de la capitale allemande. De surcroît, le bâtiment de l’ambassade suisse, situé à proximité du Reichstag, avait servi de quartier général aux officiers de l’armée rouge. Pour le Vatican et tous ceux qui avaient lutté contre les communistes, cet événement fut vécu comme l’Apocalypse!
C’est dans ce contexte dramatique que fut créé, en 1954, le groupe Bilderberg avec le dessein de contrer l’hégémonie soviétique, dans le processus de décolonisation de l’après-guerre. Sur les hauts de Montreux, l’ancien Caux Palace, qui avait hébergé de nombreux réfugiés, fut acquis par une organisation internationale, Réarmement moral, aujourd’hui Initiatives et Changement. Sa mission consistait à contenir la dérive des âmes vers le communisme. Avec l’Otan et bien d’autres organisations, les membres du club Bilderberg avaient atteint l’objectif: l’élimination de «l’empire du mal». Toutefois, la disparition de l’Union soviétique s’est faite par l’humiliation de son peuple et par la corruption d’une partie de son élite, accueillie à bras ouverts dans les capitales financières du monde dit «libre». Aujourd’hui, le groupe est aux abois. Il doit faire face à la prospérité de la première puissance communiste mondiale, la Chine. A cela s’ajoute le ressentiment des Russes, délogés d’Afghanistan par les moudjahidins, armés en son temps par les Américains. Viennent s’additionner le bilan catastrophique des croisades militaires en Irak et encore l’angoisse des populations occidentales, confrontées aux limites de la société de consommation, imposées par l’«urgence climatique» et vous avez une idée de ce qui s’est probablement dit à Montreux.
Jean-Claude Cochard, ancien président de l’Union syndicale vaudoise