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Des réformettes en réponse à la colère de 500000 femmes exprimée le 14 juin dans les rues de Suisse? C’est ce que laissent augurer les décisions prises la semaine dernière par le Conseil des Etats. Celui-ci était attendu au contour. Hasard du calendrier, deux objets entrant en résonnance avec la formidable mobilisation des femmes était à l’ordre du jour de la session: l’instauration de quotas dans les conseils d’administration et dans les directions des sociétés cotées en bourse et l’introduction d’un congé paternité en Suisse.

Sous les regards de la gent féminine, ces «messieurs» de la Chambre haute ont accepté le premier point. Désormais, dans le droit des sociétés anonymes, il existe une valeur indicative de 30% de femmes dans les conseils d’administration et de 20% dans les directions des quelques sociétés cotées en bourse. Mais aucune obligation de les respecter. Un signal clair que les choses peuvent continuer comme avant! Comme pour la révision de la Loi sur l’égalité de septembre dernier, qui instaure des analyses des salaires dans les entreprises de plus de 100 employés, sans qu’aucune sanction ne soit prévue si la législation est violée.

Deuxième sujet, le congé paternité. Bravant l’avis du Conseil fédéral qui rejette en bloc cette idée, le Conseil des Etats a accepté le contre-projet à l’initiative demandant quatre semaines d’arrêt payé pour les pères, mais refusé cette dernière. Le contre-projet, qui doit encore être soumis au Conseil national, prévoit un congé de deux semaines. Mieux que rien... Mais une honte pour un pays riche, à la traîne en matière sociale.

On peut aussi s’étonner que le gouvernement n’ait pas entendu tonner les voix des femmes le vendredi 14 juin… Et qu’il plaide pour le rejet tant de l’initiative que du contre-projet. On peut s’étonner qu’aucune de nos ministres, pourtant promptes pour certaines à rejoindre les manifestantes, ni qu’aucun ministre, ne se soit désolidarisé de ce refus du Conseil fédéral. Une position qui défend les intérêts des patrons, l’Union suisse des arts et métiers et l’Union patronale en tête. Ces mêmes employeurs qui, refusant de reconnaître le travail des femmes à sa vraie valeur, les grugent de 10 milliards de francs chaque année.

Un demi-million de femmes dans la rue le 14 juin, et on continue comme avant? Le Conseil fédéral ferait bien d’écouter la rage violette qui a déferlé sur la Suisse. Et d’abandonner son projet d’augmenter l’âge de la retraite des travailleuses à 65 ans. Si l’on tient compte des 20% de salaire en moins touchés par les femmes, c’est à 56 ans qu’elles devraient, au nom de l’égalité, partir à la retraite…

Les femmes, et les nombreux hommes solidaires qui sont aujourd’hui aussi menacés par un relèvement de l’âge de la retraite, l’ont crié haut et fort. Cette fois nous ne voulons plus de mesurettes, nous voulons du concret pour que l’égalité salariale soit appliquée. Et vite!