Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

«Vous signez un chèque en blanc aux organisations patronales»

Danielle Parmentier et la lettre géante.
© Thierry Porchet

Danielle Parmentier, auteure de la lettre ouverte et présidente d’Unia Genève, a lu en public sa missive adressée au Conseil d’Etat. Elle était accompagnée par Pablo Guscetti, secrétaire syndical.

A Genève, le comité référendaire, opposé à la prolongation des horaires de magasins, a remis une lettre ouverte au Conseil d’Etat

A Genève, le comité unitaire contre la modification de la Loi cantonale sur les horaires d’ouverture des magasins (LHOM) a déposé mercredi passé une lettre ouverte géante à la chancellerie du Conseil d’Etat.

Pour mémoire, la gauche et les syndicats ont lancé le mois dernier un référendum contre le changement de la loi imposé par la droite patronale et le gouvernement, et qui prévoit des ouvertures des commerces trois dimanches par an en plus du 31 décembre, jour en principe férié au bout du lac, ainsi que la prolongation des horaires le samedi de 18h à 19h.

La lettre a été rédigée et lue dans la cour de l’Hôtel-de-Ville par la présidente d’Unia Genève, Danielle Parmentier. Assistante en pharmacie âgée de 66 ans, la militante y explique que toute sa vie active a été rythmée par la LHOM et elle rappelle que le cadre actuel a été fixé en 2002. Les heures d’ouverture sont passées de 17h à 18h le samedi et une nocturne a été introduite le jeudi jusqu’à 21h, mais en échange, le personnel avait obtenu une convention collective de travail (CCT). «Une CCT qui interdisait le travail sur appel, qui fixait deux jours de congé d’affilée obligatoires et qui limitait l’amplitude maximale de la journée de travail», a souligné Danielle Parmentier. En 2016, le peuple avait bien donné son feu vert à des ouvertures le 31 décembre et trois dimanches par année sous condition de l'existence d'une CCT étendue. Mais depuis 2017, la branche accuse un vide conventionnel. Des discussions ont repris; or, la Nouvelle organisation des entrepreneurs, l’une des trois associations patronales, a quitté l’année passée la table des négociations. Si les employeurs ont fait l’impasse sur la CCT, ils n’ont pas abandonné leur volonté de prolonger les horaires. Intéressé à l’idée de contrer la concurrence de la France voisine et du canton de Vaud, le conseiller d’Etat MCG Mauro Poggia les a suivis, sans pour autant s’appuyer sur une analyse sérieuse. «Au prétexte de la crise, vous signez un chèque en blanc à la principale revendication patronale», a lancé Danielle Parmentier.

«Revenez donc sur votre décision»

«Jamais comme maintenant, je n’ai regardé avec autant d’appréhension les jeunes qui commencent un apprentissage dans la vente: il y a de moins en moins de personnel pour faire de plus en plus de tâches. Il est toujours plus difficile de concilier la vie privée avec le travail. Jamais comme maintenant, une profession autrefois stimulante n’est devenue autant le synonyme d’un sacrifice dont la valeur n’est pas reconnue», a-t-elle encore rappelé, en lançant un appel aux autorités: «Revenez donc sur votre décision. Si ce n’est pas pour défendre les salariés, faites-le au nom du dialogue social!»

«J’ai un peu la rage; chaque fois, c’est la même histoire: le peuple a dit plus d’une fois non et ils reviennent encore à la charge», a-t-elle confié, à l’issue de sa lecture. Et de souligner: «Quand vous travaillez jusqu’à 19h le samedi, que vous reste-t-il de votre week-end? Vous devez encore rentrer à la maison, faire à manger à vos enfants, les baigner et les coucher. Ensuite, vous allez dormir aussi parce que vous tombez de fatigue. Vous n’avez plus de week-end.»

Présente lors de cette action, la coprésidente du Parti socialiste genevois, Lydia Schneider Hausser, a aussi pris la parole pour insister, à la veille du 14 Juin, sur la composition majoritairement féminine de la vente. «10000 femmes risquent de voir leurs conditions de travail et de vie se détériorer», a-t-elle averti, en invitant toutes les femmes à signer le référendum.

Celui-ci sera déposé le 16 juin. Toutes les feuilles de signatures qui circulent encore, même incomplètes, doivent être renvoyées rapidement à Unia Genève.

Pour aller plus loin

Un chauffeur VTC gagne en justice

Grève des chauffeurs d’entreprises sous-traitantes d’Uber en décembre 2017, devant l’enseigne de la multinationale à Genève.

Le Tribunal des prud’hommes à Genève condamne une société «partenaire» d’Uber à verser une différence salariale et les cotisations sociales d’un ancien collaborateur

XPO Logistics: lutte payante!

Grèvistes victorieux arborant plusieurs drapeaux Unia.

Après presque trois semaines de grève, les employés de XPO Logistics, soutenus par Unia, ont décroché un plan social. Seule une partie des emplois a pu toutefois être maintenue

Uber, un employeur qui ne dit toujours pas son nom

Action de chauffeurs Uber.

La multinationale a modifié les conditions contractuelles de ses chauffeurs, mais en réalité, rien ne change pour eux. Unia exige des autorités qu’elles réagissent enfin

Revalorisons le travail des vendeuses!

Lors de la conférence de branche du commerce de détail, les militants ont dit stop au travail précaire et au travail du dimanche. Ils exigent de la reconnaissance et du respect