Les partis de l’Alternative et les syndicats genevois ont déposé leur initiative demandant aux plus riches un impôt temporaire afin de réduire les effets de la crise
Depuis les débuts de la pandémie en 2020, syndicats et partis de gauche insistent: ce n’est pas aux travailleurs de payer cette crise! La réalité est toute autre, et il s’avère que ce sont bien ces derniers, mais aussi les plus précaires, ainsi que les services publics et les prestations sociales qui trinquent. Afin d’inverser la vapeur, un front uni composé de syndicats et des partis de l’Alternative genevoise ont déposé le 1er février leur initiative "Pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes", munie de 6873 signatures sur les quelque 5400 requises. Pour rappel, cette dernière vise à réduire les effets de la crise du coronavirus en demandant une contribution, limitée à dix ans, de 0,5% aux fortunes dépassant les 3 millions de francs. «La population a réagi très favorablement aux propositions de notre initiative, s’est félicité Sylvain Thévoz, du Parti socialiste, à l’occasion d’une conférence de presse. Nous avons senti un fort enthousiasme pour demander un petit effort aux plus privilégiés, ce qui a facilité la récolte de signatures!»
Avec des écarts de richesses toujours plus grands à Genève et une forte augmentation des inégalités (moins de 1% de la population genevoise possède plus de 64 milliards de francs), cette initiative est un signal fort en faveur d’une fiscalité solidaire et plus redistributive.
Attaques successives
Mais aussi l’expression d’un ras-le-bol contre les cadeaux fiscaux successifs. «Il faut stopper cette “stratégie du salami” de la droite, qui consiste depuis vingt-cinq ans à faire avaler par tranches successives à la population des milliards de cadeaux fiscaux aux milieux financiers et patronaux», dénonce Davide De Filippo, président de la Communauté genevoise d’action syndicale. Et de prendre pour exemple la suppression de l’impôt sur les successions, du droit des pauvres, l’augmentation de la déductibilité des donations ou encore les réformes de l’imposition des entreprises RIE2 et RFFA. Et ce n’est que le début, avertissent les syndicats et les élus de gauche. «Le sujet de la fiscalité est criant d’actualité, car le système déjà insuffisamment redistributif est attaqué de toutes parts, que ce soit aux niveaux communal (suppression de la taxe professionnelle), cantonal (réduction de l'impôt sur les véhicules) ou fédéral (suppression de l'impôt anticipé et du droit de timbre).»
Un impôt pour l’avenir
Le but de l’initiative? Renflouer les caisses des collectivités publiques afin qu’elles puissent maintenir et développer leurs prestations. «Il est indispensable de pouvoir répondre aux besoins de la population, besoins encore accrus par la crise sanitaire et sociale qui en découle», insiste Françoise Weber, du Cartel intersyndical du personnel de l’Etat. Enfin, ces recettes seront indispensables aux investissements dont le canton de Genève a besoin pour mener sa transition face à l’urgence climatique. «Les plus riches ont une responsabilité, car leur empreinte carbone est plus lourde que le reste de la population, soutient Tobia Schnebli, du Parti du Travail. Au final, cette taxe supplémentaire va permettre de construire un avenir meilleur.»