Des hausses de salaires s’imposent
En raison de l’inflation et de la flambée annoncée des primes d’assurance maladie, les ménages pourraient perdre plus de 3000 francs de pouvoir d’achat sur l’année. Les syndicats exigent que des contre-mesures soient prises
Après plus de dix ans d’absence, le retour de l’inflation crée une situation inédite. En 2022, le renchérissement annuel dépassera la barre des 2%. Sans le compenser, l’Union syndicale suisse (USS), qui tenait une conférence de presse le 20 avril à Berne, a calculé que les employés subiraient, avec un salaire moyen, une perte réelle de revenu de 1600 francs par an. Les familles avec enfants dont les deux parents travaillent, elles, perdront jusqu’à 2200 francs. Et cela sans compter une perte de pouvoir d’achat supplémentaire évaluée à 1000 francs par an due à l’explosion des primes d’assurance maladie qui pourrait avoisiner les +10%. Pour l’USS, il est urgent que des contre-mesures à la baisse du pouvoir d’achat soient prises afin que les salariés aient leur «juste part» de l’évolution économique favorable à laquelle ils ont contribué. «Des augmentations générales de salaires sont indispensables afin d’éviter une douloureuse érosion des revenus réels», revendique la faîtière dans son communiqué de presse.
Rattrapage nécessaire
Au total, les familles aux revenus bas ou normaux s’exposent donc à une perte de pouvoir d’achat de près de 3500 francs annuels. Une situation préoccupante alors que, rapporte l’USS, les groupes à revenus supérieurs et les managers se sont accordé des augmentations de salaires substantielles. «Les revenus réels doivent progresser, afin que l’inflation ne constitue pas un sérieux danger pour la population active», explique Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS.
Et Vania Alleva, présidente d’Unia, de confirmer que les salaires normaux n’augmentent que bien trop lentement. «Les gains de productivité n’ont pas été redistribués aux travailleuses et aux travailleurs. Le besoin de rattrapage est donc bien réel parmi les bas et moyens revenus.»
La bonne nouvelle, c’est que la conjoncture économique générale est bonne! Certaines branches ont complètement récupéré de la crise sanitaire, d’autres sont en plein essor: il y aurait donc une réelle marge de manœuvre pour octroyer des hausses de salaires, constatent les syndicats.
A cela s’ajoute l’excellente santé financière des cantons. «Les cantons ont bouclé ces deux années placées sous le signe du coronavirus avec des excédents de plus d’un milliard de francs (2020), voire 2,7 milliards de francs (2021).»
Revendications
Pour Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, l’heure est à l’action: «Nous vivons un choc comme on n’en avait plus connu depuis longtemps. Les travailleurs ont besoin que des améliorations salariales substantielles interviennent sans tarder et que des mesures soient prises contre le fardeau des primes des caisses maladie.»
Contre la perte imminente du pouvoir d’achat, les revendications sont les suivantes: d’abord, l’USS exige des augmentations générales de salaires, avec la compensation du renchérissement et une hausse des rémunérations réelles; elle demande, par ailleurs, que toute personne occupée à plein temps perçoive un salaire d’au moins 4000 francs, et ce 13 fois par an; enfin, elle réitère son combat pour la hausse des réductions des primes maladie afin que personne en Suisse ne consacre plus de 10% de son revenu à ce poste (lire ici).