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Le bras de fer continue

Mobilisation de maçons.
© François Graf/Strates

Entamées ce printemps, les négociations en vue du renouvellement de la Convention nationale dans la construction piétinent. En juillet dernier, les maçons s’étaient déjà mobilisés en masse à Zurich pour soutenir leurs revendications.

Le sixième tour de négociations en vue du renouvellement de la Convention nationale dans la construction n’a pas permis d’avancées. Les maçons vont poursuivre les journées de protestation

Positions figées dans les négociations en vue du renouvellement de la Convention nationale des maçons. Au terme d’un sixième round, le 21 octobre dernier, Unia et Syna et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) affichent toujours des points de vue largement divergents. Principale pierre d’achoppement: la flexibilisation du temps de travail. Les patrons désirent encore l’augmenter. Une exigence sur laquelle n’entendent pas transiger les syndicats. «Les entreprises peuvent choisir entre 37,5 et 45 heures de travail hebdomadaires et, en plus, ils disposent déjà aujourd’hui de 100 heures flexibles. Mais ils en réclament davantage, souhaitant encore une plus grande concentration du travail en été avec des semaines de 58 heures», s’indigne Nico Lutz, responsable du secteur construction et membre du comité directeur d’Unia. «En comptant les déplacements, les journées peuvent, durant la saison chaude, déjà se prolonger jusqu’à 12 heures. C’est beaucoup trop. Et on voudrait normaliser cette situation.» Et le syndicaliste d’attirer l’attention sur les risques qui pèsent sur la santé des travailleurs, alors que les canicules se multiplient. «Il est au contraire nécessaire de raccourcir la journée de travail comme il faut que le temps du trajet de l’entreprise au chantier soit intégralement payé.»

Maçons âgés moins payés?

La situation des travailleurs âgés de 55 ans et plus a aussi fait l’objet de discussions nourries dans un climat qualifié de plutôt tendu. «La SSE réclame de pouvoir les licencier plus rapidement. Un affront à leur dignité.» Actuellement, ces catégories de maçons bénéficient de délais de résiliation plus longs que dans la loi: la première année, ce temps est d’un mois, entre deux  et neuf  ans d’activité, de quantre mois et, plus de dix ans, de six mois. La possibilité de baisser les rémunérations de cette catégorie d’employés a également été évoquée. «La SSE s’en défend, mais les propos tenus par Bruno Fuchs le 19 octobre dernier dans un média alémanique ne vont pas dans ce sens.» Ce dernier, président de la section soleuroise de la SSE, a en effet estimé que les rémunérations des maçons de 55 ans et plus ne devaient pas augmenter systématiquement, liant leur maintien en emploi jusqu’à la retraite à la possibilité de pouvoir les rétrograder vers des classes de salaire inférieures... 

Colère justifiée

Crispation aussi sur le front des revalorisations des salaires. Les entrepreneurs conditionnent la hausse des salaires à l’acceptation de leurs exigences. «Malgré une bonne conjoncture dans le secteur, le fort renchérissement du coût de la vie et l’explosion de primes maladie, la SSE n’a présenté aucune proposition concrète d’augmentation salariale pour tous. De quoi provoquer, à juste titre, la colère des maçons.» Ces derniers revendiquent la pleine compensation de l’inflation et une majoration des salaires réels de 1%. «Sans cette adaptation, la pénurie de personnel qualifié dans le secteur principal de la construction, qui est déjà dramatique, s’accentuera encore.»

Unia et Syna affirment tout mettre en œuvre pour qu’une solution soit trouvée d’ici la fin de l’année, espérant éviter une situation de vide conventionnel. «Les patrons ont refusé jusqu’en août de formuler des positions concrètes et retardé les négociations, regrette encore Nico Lutz. Ils font des discussions abstraites et nous reprochent que nous attaquons le métier... C’est faux. Les maçons exercent une belle profession. A chaque fin de journée, ils voient ce qu’ils ont construit. Mais les conditions de travail déjà très difficiles devraient encore empirer, et la pénibilité augmenter. Ce n’est pas acceptable.»

Plainte de la SSE

Dans ce contexte, les journées de protestation vont se poursuivre. Après le Tessin où une première mobilisation a rassemblé le 10 octobre dernier 2500 maçons dans les rues de Bellinzone, d’autres journées de protestation auront lieu les 7 et 8 novembre en Suisse romande et les 1er et 11 de ce même mois en Suisse alémanique. Fâchée, la SSE a annoncé dans un communiqué porter plainte contre les syndicats genevois «pour violation de l’obligation du respect de la paix du travail». «Cette réaction ne nous impressionne pas. Il vaut mieux avancer dans les négociations et chercher une solution» commente laconiquement Nico Lutz, notant encore que la flexibilisation dont se réclame sans cesse la SSE est actuellement utilisée par les travailleurs qui s’en servent pour compenser les heures supplémentaires en organisant des assemblées, débrayages et journées de protestation... Le prochain round de négociation aura lieu le 14 novembre.

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