Maçons en colère!
Plus de 7000 maçons ont protesté ce lundi dans les rues de Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds, Delémont et Fribourg contre les menaces de vide conventionnel et pour des conditions de travail dignes. Une mobilisation romande qui s’est poursuivie le lendemain dans la capitale vaudoise
Les journées de protestation des 7 et 8 novembre en Suisse romande s’inscrivent dans la mobilisation nationale des travailleurs du gros œuvre. Le 17 octobre, quelque 2500 maçons sont descendus dans les rues tessinoises. Suivis, le 29 octobre, par les travailleurs de la construction valaisans (voir ici). Le 1er novembre, plus d’un millier de travailleurs de Bâle et d’Argovie ont manifesté. Le 7 novembre, les manifestations ont réuni près de 500 personnes à La Chaux-de-Fonds, une centaine à Delémont, plus de 400 à Fribourg, 2000 à Genève, et plus de 4000 personnes à Lausanne.
«Lors du dernier round de négociations de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) qui a eu lieu le 21 octobre, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a campé sur ses positions et écarté toute solution visant à apporter des améliorations», dénonce Unia. L’un des principaux points de litige réside dans le fait que la SSE demande davantage de flexibilité. Une extension des horaires inacceptable pour les maçons et leurs syndicats Unia, Sit, Syna. Les journées de travail pourraient ainsi atteindre 12 heures et les semaines 48 heures – et même 58 heures en tenant compte du temps de déplacement. Les travailleurs refusent cette détérioration de leurs conditions de travail, alors que 100 heures sont déjà flexibles. Pour eux, il est au contraire nécessaire de raccourcir les journées de travail, et de payer l’intégralité du temps de trajet de l’entreprise au chantier – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Les maçons demandent également une hausse des salaires réels de 1%, en plus de la pleine compensation de l’inflation. «Les entrepreneurs veulent aussi réduire la protection contre les licenciements des travailleurs âgés et pouvoir baisser leurs salaires», dénonce par ailleurs Unia. A l'avenir, ces ouvriers pourraient être rétrogradés dans des classes de salaire inférieures et leur délai de préavis être réduit. «Cela montre le peu d’estime témoigné pour ceux qui fournissent un travail pénible, sous la canicule et les intempéries, pour construire les bâtiments, les ponts et les routes du pays», juge le syndicat, qui rappelle que la conjoncture du secteur de la construction est florissante. Selon lui, face à la pénurie de main-d’œuvre, l’attractivité passe logiquement par de meilleures conditions de travail. «Depuis plus d’un an maintenant, la SSE brandit l’option d’un vide conventionnel. Cette menace est peu commune dans le partenariat social et constitue un risque évident pour le respect de bonnes conditions de travail et le contrôle de celles-ci, notamment dans les marchés publics», souligne encore Unia. Dans notre prochaine édition, nous reviendrons sur la manifestation romande du 8 novembre à Lausanne, et celle, suisse-alémanique, du 11 novembre à Zurich. La dernière séance de négociations est prévue le 14 novembre.