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La paix et la solidarité doivent primer

Une vague de grèves et de manifestations gigantesques déferle sur l’Europe. L’année 2023 ne fait que débuter. Au Royaume-Uni, les mobilisations qui avaient démarré en 2022 déjà contre la vie chère et la dégradation des conditions de travail reprennent de plus belle. Avec des dizaines de milliers d’infirmières, d’ambulanciers, d’enseignants, et d’autres catégories professionnelles, bravant tous les obstacles des lois antisyndicales, qui ont débrayé massivement. En France, les journées de grèves et de protestation contre la réforme des retraites rassemblent des millions de personnes. Au Portugal, la semaine passée, les transports publics, la santé, les écoles étaient touchés par des arrêts de travail organisés par les syndicats pour l’indexation des salaires et des retraites. Dimanche dernier, à Madrid, un million de personnes ont envahi les rues de la capitale espagnole pour soutenir les médecins dénonçant un manque de moyens dans la santé publique et exiger des effectifs en suffisance. Une semaine plus tôt, le 5 février au Danemark, 50000 personnes avaient répondu à l’appel de la Confédération des syndicats danois pour s’opposer à la suppression d’un jour férié par le gouvernement de centre-gauche dans le but de financer la hausse des dépenses militaires. Cette mesure rapporterait 403 millions d’euros à l’Etat. Dans ce pays de 5,9 millions d’habitants, peu enclins à la contestation sociale, près de 500000 personnes ont aussi dénoncé la mesure par voie de pétition. Lors de la manifestation, les slogans «Ne touchez pas à nos jours fériés!» et «Dites non à la guerre!» se côtoyaient.

La colère monte en Europe. Mais partout, les gouvernements refusent de céder aux revendications des travailleuses et des travailleurs. Pourtant, l’argent ne manque pas. Le président français veut augmenter l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, prétextant un «trou» dans la sécu de 10 milliards d’euros. Au lendemain de la puissante grève du 19 janvier, il annonçait une hausse de 40% du budget militaire, pour le porter à 413 milliards d’euros – ou 413000 millions – pour la période de 2024 à 2030. Une démesure… Tous les pays du continent ont prévu des hausses de leurs budgets de la défense. Mais rien pour les salaires ou la santé. La misère et la guerre, militaire et sociale, s’ancrent dans la réalité du continent. Pendant que les profiteurs s’enrichissent en spéculant sur les matières premières ou le gaz, comme en témoignent les bénéfices faramineux réalisés par le groupe français TotalEnergies, affichant un profit net de près de 20000 millions d’euros en 2022. Les marchands d’armes se frottent aussi les mains. Le réarmement à coup de milliards d’euros – 100 milliards par exemple pour l’Allemagne – devient un marché toujours plus juteux.

Les montagnes d’euros consacrés à l’économie de guerre et à la destruction permettraient de financer largement les revendications des salariés et des populations d’Europe. Mais pas seulement. Cette indécence des budgets militaires et des profits sur les matières premières est décuplée à la lumière de la catastrophe qui a touché, la semaine passée, le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. Des dizaines de milliers de morts et de blessés. Des vies arrachées par deux séismes successifs. Et pour certaines par la corruption et l’irrespect des règles de construction antisismique. Face à ce drame et aux besoins immenses des survivants, la solidarité entre les peuples est une priorité. Il est temps que la justice sociale et l’aide humanitaire priment sur les dépenses militaires. Il est temps que l’escalade guerrière et l’appât du gain cèdent la place à la paix et à la solidarité.