Les retraites au cœur du 1er Mai
Après trois mois de mobilisation sociale sans précédent, entre journées de grèves et manifestations populaires, Emmanuel Macron a passé en force sa réforme des retraites rejetée par les trois quarts des Français et par 94% de ceux qui travaillent. Il fait sien l’ADN de la Ve République, qualifiée par Mitterrand, avant sa propre accession à la présidence, de «coup d’Etat permanent». S’appuyant sur ses pleins pouvoirs, Macron fait fi de la démocratie au pays des droits de l’homme. Il en vient même à empêcher des grands-mamans d’exprimer leur colère en frappant sur des casseroles ou des boîtes de conserve, dangereux «dispositifs sonores portatifs» interdits lors de ses récentes visites dans les provinces. Mais le peuple français, les travailleuses et les travailleurs, la jeunesse et les retraités n’ont pas dit leur dernier mot. L’exigence du retrait de sa réforme et de sa mesure phare du passage de 62 à 64 ans de l’âge de la retraite reste au cœur de la lutte. Tous les syndicats, unis comme jamais jusque-là, appellent à faire du 1er Mai «une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites partout sur le territoire, dans le calme et la détermination», afin d’obtenir l’abrogation d’une révision «injustifiée, brutale et injuste».
Dans notre pays, les retraites figureront aussi à l’ordre du jour du 1er Mai. Qui sera un moment fort pour s’opposer à l’attaque menée contre le 2e pilier, votée en mars par le Parlement. Cette dernière prévoit des baisses de rentes alors que les cotisations prendront l’ascenseur. Ce projet fait le bonheur des banques et des assurances qui souhaitent mettre la main sur l’argent des salariés cotisé pour leurs vieux jours. Une somme énorme que les financiers entendent s’accaparer pour continuer à alimenter le marché des capitaux, un marché qui, comme on vient de le voir avec les milliards accordés à Credit Suisse, est ébranlé dans ses fondements.
Les femmes travaillant en Suisse ont déjà fait les frais, l’an passé, d’une contre-réforme des retraites reposant sur de prétendus déficits de l’AVS alors qu’il n’en est rien. Après l’acceptation à la raclette d’AVS 21, elles devront trimer un an de plus, jusqu’à 65 ans. Et maintenant, on leur «offre» une réforme de la prévoyance vieillesse (LPP 21) qui, selon la droite, améliorerait leur situation à l’heure de la retraite. Or, il n’en est rien. C’est au prix fort qu’elles accéderont davantage au 2e pilier, devant chaque mois cotiser entre 100 à 200 francs de plus pour des rentes ridicules au moment de la retraite. Une problématique qui touche aussi de plein fouet les hommes.
Ce mépris total du travail de millions de salariés – la droite helvétique n’a rien à envier au président Macron – doit être combattu avec force, tant dans la rue que dans les urnes et les entreprises où l’égalité salariale, autre source des inégalités crasses à l’âge de la retraite, n’est de loin pas encore atteinte. Plus que jamais, la journée du 1er Mai en Suisse doit être marquée par la lutte contre la réforme du 2e pilier et la baisse des rentes en faisant signer massivement le référendum contre LPP 21, avant de poursuivre la mobilisation lorsqu’elle passera devant le peuple. Plus que jamais, la question des hausses de salaires, des femmes comme des hommes, doit se situer au centre du combat alors que l’inflation affecte les conditions de vie de chacun. C’est un minimum pour que les travailleuses et les travailleurs du pays soient respectés et que les richesses produites cessent d’être accaparées par les possédants, les exploiteurs, les banquiers et les assureurs sans scrupules. Le 1er Mai, regroupons-nous tous ensemble et dans l’unité pour défendre nos acquis et nos revendications!